16 mai 1950 - 16 mai 202272 ème anniversaire de la révolte ouvrière de Brest
Le lundi 16 mai, une cinquan- taine de personnes se sont ras- semblées à l’invitation du Parti Communiste Guadeloupéen, au pied de la stèle érigée à l’entrée du quartier de Brest à Capesterre Belle-Eau,pour rendre un hommage à tous ces valeureux travailleurs qui ont affronté, avec à leur tête le maire Paul Lacavé, les forces armées mobilisées par le préfet au service des puissances capitalistes.
S imon Celeste, le Secrétaire de la Section communiste de Capesterre Belle-Eau a fait une intervention pour resituer le sens de cet événement :
Le 16 mai 1950, nous sommes ici, à Capesterre Belle-Eau. Cette déno- mination de la commune n’existe que depuis 1975, à la suite d’un référendum populaire grandeur nature. Le seul à être organisé, à ce jour en Guadeloupe.
Avant cette année, la commune avait une autre dénomination, celle-là imposée par le mouvement social et reconnue part toute la Guadeloupe, ainsi qu’à l’extérieur : «Capesterre la vaillante».
Ce titre de gloire a été acquis à tra- vers toutes les luttes sociales et politiques menées par les travail- leurs capesterriens dans les champs et à l’usine Marquisat, propriété des sucreries coloniales.
De la révolte des noirs déclenchée par l’esclave Jean Leblanc en 1656 sur les habitations, à la révolte ouvrière de Brest le 16 mai 1950, en passant par les grandes grèves générales de 1910, 1930, 1945, y compris les actions commandos contre le gouverneur Sorin en 1942, Capesterre a gagné ses let- tres de noblesse à travers les luttes de la classe ouvrière.
La puissance et la permanence de ces luttes ont donné lieu à une répression acharnée des gouver- neurs, des préfets et des usiniers contre Capesterre et les ouvriers en particulier.
Les interventions répétées des forces de répression des ouvriers en lutte contre la pwofitasyion, les provocations humiliantes contre les jeunes, les femmes dans l’es- pace public ont créé une situa- tion explosive qui a connu son paroxysme le 16 mai 1950.
C’est ce jour-là, à l’entrée du quar- tier ouvrier de Brest qu’a eu lieu le face-à-face décisif entre les forces armées venues «mater» les Ca- pesterriens et les forces ou- vrières organisées conduites par les dirigeants du syndicat «Les artisans de la fortune».
Les mécanismes de mort étaient enclenchés car, les travailleurs révoltés par l’arrogance de la sol- datesque avaient fait le choix ce jour-là, de ne pas reculer, de ne pas abandonner le terrain.
Ce 16 mai, les militaires confrontés à cette résistance à laquelle ils ne s’attendaient pas, ont commencé à tirer pour faire peur.
Ce jour-là, le drame a été évité. L’avant-garde de la classe ouvrière n’a pas été anéantie parce qu’un homme, un leader politique, un élu communiste, Paul Lacavé, n’écou- tant que son courage, s’est hissé à la hauteur de son engagement et de son devoir.
Se plaçant en première ligne bien décidé à protéger sa population, il défia les forces de la mort en leur lançant cette phrase devenue célèbre : «Tirez sur moi, ne tirez pas sur le peuple».
Déstabilisés, moralement dévas- tés par un tel acte de bravoure, les forces de répression ont rompu l’affrontement et abandonné le terrain. Paul Lacavé et les combat- tants de la classe ouvrière sont restés maître du terrain. Ce jour-là l’alliance entre un homme et son peuple était scellée. Capesterre la Vaillante, était née.
La manifestation s’est terminée par le dépôt d’une gerbe de fleurs sur la stèle de Paul Lacavé au rythme de «l’hymm a Pawti Kominis».
Le lendemain mardi 17 mai, la mani- festation s’est poursuive par une conférence-débat à la maison des quartiers les sources sur le thème :«Les enjeux du mouvement social en Guadeloupe». Nous y reviendrons dans le prochain numéro.