Les lamentations de Fort-de-France
Le document signé à Fort-de-France en Martinique le 18 mai 2022 par les présidents des «Collectivités Outre- mer» en marge de la Conférence des Régions ultrapé- riphériques de l’Union européenne consacre la faillite de la «classe politique» dirigeante de ces territoires.
Si leurs intentions étaient de dépasser la déclaration historique de Basse-Terre du 1 er décembre 1999, ils ont fait plus qu’un flop, ils sont discrédités. Car, leur appel, 23 ans après, c’est tout simplement du rétropédalage. Ils reviennent au stade de la dépendance intellec- tuelle et de la soumission politique alors que la Déclaration de Basse- Terre posait, avec clarté et courage, les questions fondamentales de nos différences avec la France, de la responsabilité des élus et du peuple de ces territoires. En outre, elle avait pour ambition de définir et de prendre en charge l’avenir du pays de chacun des cosignataires de cette déclaration, puisqu’il faut le répéter, c’est la question de la responsabilité des élus et du peuple qui était placée au coeur de la Déclaration de Basse-Terre.
L’Appel de Fort-de-France est un mauvais remake. Il n’ouvre aucune perspective. Il est motivé essentiellement par l’affole- ment et la peur qui déboussolent les élus de ces territoires, après le vote pour la candidate du Rassemblement National, Marine Le Pen, au 2 ème tour des élections présidentielles.
Or, ils savent ou devraient savoir, mieux que quiconque, que les électeurs n’ont pas voté pour les idées du Rassemblement National, mais pour, d’une part, sanctionner le chef de l’Etat français, Emmanuel Macron et sa politique décomplexée de mépris, de répression et de violences appliquées dans les terri- toires dits de «l’Outre-mer» et d’autre part, les punir d’avoir sou- tenu sans réserve cette politique.
Le grand tort des signataires de cet Appel de Fort-de-France, c’est d’avoir choisi de se placer sous le parapluie d’un prési- dent, élu, certes en France, mais discrédité et honni dans leurs pays, pour les «sauver».
Ils se lamentent et implorent le chef de l’Etat pour mettre en place des politiques publiques, de leur donner plus de pouvoirs. Bref, de les prendre par la main pour les sortir du marécage où ils s’enfoncent depuis des décennies, incapables qu’ils sont de se hisser au niveau de leur responsabilité.
L’honnêteté, l’intelligence et l’écoute du message sorti des urnes commandaient certes un geste fort pour sortir par le haut, mais pas un appel au secours de l’Etat.
Ces présidents se devaient de lancer un Appel à leur peuple pour dire, comme l’a fait le 4 juin 1958, le Général de Gaulle, s’adres- sant au peuple algérien «Je vous ai entendu, je sais ce qui s’est passé ici»». Ce qui aurait pu signifier : «Nous allons ouvrir une nouvelle phase de relations».
Au lieu de cela, les présidents de ces îles, situées à des milliers de kilomètres du territoire français, ont choisi «d’aller à Canossa». Pour combien de temps encore ?