Aux mères de Guadeloupe…

Rien ne nous prédisposait à célébrer les mères de Guadeloupe de la façon dont nous allons le faire.

Dans cette période difficile où nous devons résoudre tant de problèmes de santé, d’éducation, d’eau, de sar- gasses etc… Comment ignorer le rôle important joué par les femmes, les mères de la Guadeloupe ?

Alors nous allons d’abord leur dire merci pour le refus, de la vaccina- tion obligatoire, symbole de résis- tance au moment où l’incapacité des élus et la dispersion des patriotes nous faisait douter de nous-mêmes et du pays.

Loin de nous l’idée d’écarter les hommes des combats menés, ce serait absurde, car toutes les socié- tés se sont toujours construites dès l’aube de l’Humanité à partir du couple homme/femme symbole d’harmonie.

Merci aussi pour le Conseil Scientifique pluridisciplinaire créé pour nous informer durant ces années de Covid. Merci pour Lakou Santé, prémice de la réorganisation de notre sys- tème tropical de santé.

Merci pour le Centre des Arts, devenu espace créatif de liberté.

Merci pour le génie de nos coutu- riers et créateurs, le défilé devant le Bik en a étonné plus d’un.

Merci pour les mères, pères, soeurs et compagnes des «Grands frères» emprisonnés et déportés sans juge- ment. La venue de Kémi Seba pour les soutenir est un acte fort pour l’internalisation de nos combats. Merci pour nos avocat(e)s pré- sent(e)s sur tous les fronts et dont le travail est essentiel pour confondre les colonialistes et leurs envoyés.

Merci pour ce formidable retour à notre biodiversité avec ces petits marchés créés, ses productions dans le domaine des cosmétiques, de l’alimentaire et du médical. Le summum a été atteint par la venue du Dr Nzamujo et de la pré- sence du Dr Henri Joseph.

Merci pour le festival de films qui parlent de nous et de ceux qui nous ressemblent. Une pensée positive pour M. Christian Lara.

Merci aux journalistes femmes qui ont risqué peut être leur car- rière pour nous informer de manière impartiale.

Merci aux animatrices de ces belles émissions culturelles ou professionnelles où nous décou- vrons nos écrivains, nos poètes, nos jeunes chefs d’entreprise bourrés de talent et d’expérience.

U n seul point fait défaut : il reste aux femmes juristes à aider leurs confrères hommes à nous sortir de ces études interminables de textes de loi français auxquels b eaucoup d’entre nous ne com- prennent pas grand-chose. Il est de leur devoir de nous proposer c lairement un chemin institution- nel pour que la Guadeloupe, comme le reste de la Caraïbe, prenne son destin en main. Cela fait plus de 60 ans que nous le réclamons. Il est temps d’agir…

Quand cela sera, le souffle de l iberté que nous attendons dans ce monde qui change à grande vitesse balaiera nos doutes, nos peurs et nous ferons tous confiance à une jeunesse souvent c ultivée et compétente.

Résister, c’est créer avions-nous dit, l a preuve est là.

En attendant, continuons à ap- porter au personnel suspendu et qui souffre, notre soutien sous toutes ses formes. C’est pour nous un devoir moral et un inves- tissement sur l’avenir…