Se préparer face aux risques telluriques de l’archipel

Lors de la 3 ème édition des Journées japonaises initiée par la préfecture de Guadeloupe les 9 et 10 mai, il a été question d’évoquer les divers risques naturels auxquels pourrait être confronté la Guadeloupe. Durant deux jours, des exercices d’évacuation des plages et des conférences ont été ont eu lieu pour sensibiliser le public et les interpeller sur l’importance des bons comportements à adopter.

Les Journées japonaises ont été lancées en Guadeloupe dans le but de faire écho à celles mises en place au Japon où, chaque année, une journée de prévention des catastrophes naturelles, en mémoi- re du grand tremblement de terre du Kanto en 1923, est organisée. Dès lors, il s’agit de se préparer aux risques telluriques : séismes, érup- tions volcaniques et tsunamis.

Toute la population s’engage, avec assiduité, à prendre part à des exer- cices de mise en situation réelle pour apprendre et partager les gestes et attitudes nécessaires en cas de risque. «Les Guadeloupéens ont bien intégré les comportements à adopter en cas d’alerte cyclonique, comme prévoir des denrées et médi- caments et renforcer les portes par exemple, mais nous n’avons pas encore compris les dangers qui nous entourent»confie le professeur Narcisse Zahibo, Doyen de l’UFR des Sciences Exactes et Naturelles à l’Université des Antilles.RENFORCER LE MESSAGE DEPRÉVENTION

Alors que la Guadeloupe fait partie des territoires à plus haut risque tel- lurique de France, avec notamment la proximité de failles et l’existence d’un volcan actif, la population n’est pas suffisamment informée et pré- parée à de tels événements. «Nous ne réalisons pas que le séisme est le pire risque, car il n’est pas prévisible. Il peut nous toucher à n’importe quel moment, et du fait de notre situation géographique et de notretopogra- phie particulières, il serait très intense. Or, si un tremblement de terre se produisait en Guadeloupe, personne ne serait préparé et les conséquences seraient considérables, similaires aux dégâts de l’ouragan Irma à Saint-Martin. L’obliga-tion de construire selon des normes parasis- miques ne date que des années 60 pour les constructions publiques, et que depuis 2011 pour les construc- tions privées. Peu de bâtiments résis- teraient. Alors nous devons insister sur les bons messages et sur les bonnes décisions à prendre !», explique Christian Anténor-Haba- zac, ingénieur et ancien directeur de l"observatoire volcanologique et sis- mologique de la Guadeloupe.

Le Japon et la Guadeloupe sont des îles confrontées à des risques similaires, mais complètement éloignées sur la gestion de ceux-ci.«Tout doit être pensé pour se pré- munir en cas de séisme. De l’étude des sols et des terrains, de l’aména- gement de son intérieur à son com- portement, il y a beaucoup de fausses croyances qui nous empê- chent d’être efficaces et réactifs. Par exemple, il ne faut pas rentrer dans sa maison lors d’un séisme, ni sauter de la fenêtre… Il faut égale- ment penser à accrocher ses meu- bles au mur et à fermer ses placards à clé, car tout objet peut devenir un poids et un danger en cas de séisme. Vous voyez, nous avons des notions théoriques, mais aucune notion pratique…», ajoute-t-il. Ainsi, les Journées japonaises ont pour ambition de combler les carences dans ce sens.

INSISTER SUR LES EXERCICESPRATIQUES

«C’est une initiative intéressante que d’alerter la population, mais c’est trop épisodique pour que cela ait un impact réel. Les exercices d’évacua- tion des plages qui ont eu lieu à Sainte-Anne et Port-Louis sont riches d’enseignements et ils complè- tent bien le travail que nous avons fait dans l’établissement d’un plan routier des sites d’évacuation en cas de tsunami, mais ce n’est qu’un grain de sable parmi le travail à parcourir»assure le Pr. Zahibo.

Les spécialistes des risques tellu- riques s’accordent à dire que la pré- vention est une arme, mais que la mise en pratique serait d’autant plus pertinente. «Tous les enfants devraient être capables d’éteindre un feu, être formés à gérer la pression de l’eau qui arrive dans une maison, avoir le réflexe de se mettre sous une table en cas de séisme. Il faut aller plus loin dans les exercices grandeur nature et jouer le jeu avec davantage d’implication de la part des collectivi- tés et des établissements scolaires».