A la rencontre de Jean-Michel Palin…

Poète, éducateur, syndicaliste, militant politique, Jean-Michel Palin a publié entre autres pro- ductions, un recueil de poèmes «Chimen kósyè» paru aux édi- tions Nestor. Rencontre…

Ce militant de toutes les causes n’a jamais em- prunté les «kósyè»des mornes de la vie. Natif-natal de«Bastè», «andidan manman- vant»à la ville, il fut secoué entre autres turbulences brutales, tel un «klendenden»dans l’obscurité des nuits coloniales, par les évé- nements tragiques de mars 1967... Fût-ce un déclic ?

En tout cas, son engagement sur le plan politique, professionnel, syndi- cal l’a conduit à placer sa mission lit- téraire dans un «larel»de poésie suintant de partout l’amour... L’amour de sa patrie.

Nous l’avons rencontré à l’issue d’une très sympathique soirée orga- nisée par la troupe «Téyat pawòl a nèg soubarou» a Misiyé Ary Kancel, qu’il a d’ailleurs cofondée, pour ren- dre un hommage mérité à ce mili- tant de la cause toujours à la recherche de ce «dé pou koud wób a banzil… an nou».

Tour à tour, Alain Rutil et Christian Chery, l’un «dékatiyan»les facettes de l’homme, l’autre, dans un exposé déclinant avec expertise confirmée les contours du style poétique Palin, ont dés- habillé Jean-Michel

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Alors, le nombreux public s’en est donné à coeur joie devant le spectacle agrémenté de scènes de lectures dramatisées «ki toudi jous lèspri a mét a man- gnok- la..I resté èstébékwé».ENTRETIEN :Alors, Jean-Michel, tu donnes l’im- pression, là où ton militantisme syndical, professionnel et politique n’aurait guère fait avancer les causes, que ta poésie devient l’arme fatale

Jean-Michel Palin :Fausse impression, ma poésie n’est point une arme miraculeuse. Elle reflète mon être au monde… Il n’y a pas de rupture avec mon engagement poli- tique bien au contraire…Quels regards portes-tu sur la poésie en Guadeloupe ?Face à une société coloniale en décomposition où les liens sociaux se diluent dans la surconsomma- tion, l’isolement, la poésie devient et est une pulsion de vivre autre- ment dans notre bannzil…

On retrouve de la poésie «andi- danbway» de toutes tes produc- tions littéraires… Partant de ce fait, comment définirais-tu ta poésie ?

Ma plume trempe dans mon com-bat pour une nouvelle humanité dans le monde.

L’art dramatique, l’expression théâtrale souffre peut-être d’une insuffisance de produc- tions guadeloupéennes et/ou antillaises en matière d’écri- ture pour le théâtre… Non ?

D’accord avec toi. L’écrivain martiniquais Vincent Placoly écrivait que «l’art théâtrale devient une nécessité dans la société coloniale en décomposi- tion» dans sa pièce la vie tra- gique et douloureuse d’André Aliker. Il n’y a plus ces pièces politiques des années 70 de la troupe du Cyclone, de Volcan et même du Théâtre pawol a nèg soubarou des années 90 ; il y a aujourd’hui une surconsomma- tion du théâtre dit comique…Au fait, ce théâtre guadeloupéen (si tant est qu’il existe) ?

Soyons clairs, oui il existe avec ses errements, il balbutie... il tâtonne. Cependant il est en rupture avec les «Gosselinades» des années 60 qui voulaient nous faire prendre lèt a mannyok pou lèt !Enfin, Jean-Michel, et cette lutte pour l’émancipation nationale et sociale de notre bannzil, elle devient tragi-comédie, Hak pa hak ?

Notre bannzil n’est pas sociale- ment, culturellement, politique- ment un volcan éteint, le magma populaire est prêt à faire irruption dans les bourgs, campagne et ville hors des politiciens sans vertè- bres… aux mains mendiantes de poussière d’os …

Ici et là il y a et aura des convul- sions, Ne désespérons point, la lutte pour l’émancipation sociale et nationale avance à son rythme, elle empruntera des chimen kósyèjusqu’à notre douvan soit plus lumineux débarrassé du colonia- lisme et de la pwofitasyon…