La Journée de la libération de l"Afrique

«La libération totale et l"unifica- tion de l"Afrique sous l"égide d"un gouvernement socialiste de toute l"Afrique devrait être le principal objectif de tous les révolutionnaires noirs du monde. C"est un objectif qui, une fois atteint, permettra de répon- dre aux aspirations des Africains et des Afro-descendants partout dans le monde. En même temps, elle favorisera le triomphe de la révolution socialiste internatio- nale et le progrès en direction du communisme mondial, selon lequel toute société est ordon- née selon le principe "de chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins"». Osagyefo Kwame Nkrumah

HISTOIRE DE LA JOURNÉE DELA LIBÉRATION DE L"AFRIQUE

Le 15 avril 1958 à Accra, au Ghana, des dirigeants et militants poli- tiques africains se sont réunis lors de la première Conférence des États indépendants africains. Des repré- sentants des gouvernements d"Éthiopie, du Ghana, du Liberia, de la Libye, du Maroc, du Soudan, de la Tunisie, de la République arabe unie (qui était la fédération regoupant l"Égypte et la Syrie) ainsi que des représentants du Front National de Libération d"Algérie et de l"Union des peuples du Cameroun étaient présents. Cette conférence était historique car elle constituait la première conférence panafricaine organisée sur le sol africain. Elle était également historique parce qu"elle exprimait le mécontente- ment collectif du peuple africain face au système colonialiste et impérialiste -qui a tant fait souf- fert le peuple africain- et la volonté collective d"y mettre défi- nitivement un terme.

Après 500 ans d"une des souf- frances les plus brutales qu"ait connue l"humanité, en raison de l"in- vasion de l"Afrique et de la traite des esclaves qui s"en est suivie - condamnant près de 100 millions d"Africains hors du continent et ne former que des petits groupes mor- celés pendant des siècles- les repré- sentants du peuple africain ont dénoncé la terreur colonialiste et ont pu entreprendre une action commune, coordonnée et unifiée à la conférence d"Accra en 1958.

Cette conférence a permis de clari- fier et définir le panafricanisme, la libération totale et l"unification de l"Afrique sous l"égide du socialisme scientifique. La conférence a égale- ment jeté les bases et la stratégie pour l"intensification et la coordina- tion de la prochaine étape de la révolution africaine : la libération du reste de l"Afrique et son unification complète à terme. Par ailleurs, la Conférence de 1958 a appelé à la création d"une «Journée africaine de la liberté» ; une journée qui marquerait chaque année les pro- grès du mouvement de libération et symboliserait la détermination des peuples africains à se libérer de la domination et de l"exploita- tion étrangères.

Cinq ans après cette première Conférence des États indépendants africains, une autre réunion histo- rique a eu lieu. Le 25 mai 1963, les dirigeants de 32 États africains indépendants se sont réunis pour définir les contours de l"Organi- sation de l"Unité Africaine (OUA). À cette époque, plus des deux tiers des pays du continent avaient gagné leur indépendance vis-à-vis de la domination coloniale. Lors de cette réunion historique, la date de la «Journée africaine de la liberté» a été modifiée, du 15 avril au 25 mai, et fut renommée «Journée de la libération africaine».

En tant qu"institution du mouve- ment panafricain, la «Journée de la libération africaine» a reflété l"évo- lution du panafricanisme. Lorsque le panafricanisme a été confronté à la lutte contre le colonialisme, cette journée était dédiée à la lutte anticoloniale et pour l"indépen- dance nationale. Quand le panafri- canisme s"est renforcé et a gagné en maturité, les activités de la «Journée de la libération africaine» se sont diversifiées.

La «Journée de la libération de l"Afrique» a hautement contribué à intensifier les luttes et à élever le niveau de conscience et d"organisa- tion politiques des communautés africaines dans le monde entier. Elle a également été utilisée comme un outil permettant à de nombreux Africains, et autres peuples oppri- més, d"informer les masses afri- caines sur leurs propres luttes en vue d"une véritable libération et d"un véritable développement.

C"est en particulier le cas de l"Afrique australe, où cette journée a joué un rôle essentiel pour défaire le colonialisme et l"apartheid. Cela a inspiré d"autres personnes à sou- tenir, par le biais de diverses orga- nisations progressistes, de comités et de mouvements de libération, autant en Afrique que dans les pays socialistes du monde entier, la construction de mouvements de libération nationale etanticolo- niaux en produisant des armes pour les combattants de la liberté, en offrant une plate-forme d"éduca- tion politique sur la nature de la lutte et en fournissant une assemblée de masse où l"esprit et la morale des combattants de la liberté pourraient être revigorés.

La «Journée de la libération afri- caine» a contribué à dévoiler l"impé- rialisme, le sionisme et le colonia- lisme, dirigés par les États-Unis, comme ennemis de l"Afrique. Pendant des décennies, les impéria- listes ont cherché à désolidariser la «Journée de la libération africaine» (et la Révolution africaine en géné- ral) de la lutte pour le socialisme. Il f aut rappeler que c"est l"Europe capitaliste, et non l"Union sovié- tique, Cuba, la Corée du Nord, la Chine ou le Vietnam, qui a occupé, colonisé et exploité l"Afrique. Si a ujourd"hui plusieurs États africains sont indépendants, c"est notam- ment grâce à l"aide militaire appor- tée par les pays socialistes. Depuis la première la Conférence à Accra, où Osagyefo Kwame N krumah a planté la première graine pour des centaines de per- sonnes, la «Journée de la libération de l"Afrique» fut célébré dans le monde entier. Elle permet de c ommémorer tout à la fois la lutte pour l"indépendance nationale, la rédemption africaine, la libération africaine, l"unification africaine et le socialisme scientifique. Cette année encore, de multiples activi- tés sont organisées à l"occasion de cette journée, à travers toute l "Afrique et dans le monde entier, là où des Africains vivent et lut- tent pour leurs droits.Coletivo Negro Minervino de Oliveira Rio de Janeiro Parti Communiste Brésilien (PCB)