USA : Il y a 50 ans Angela Davis, la rebelle, condamnée à mort, est acquittée le 4 juin 1972

Aux côtés de Malcom X et Martin Luther King, Angela Davis est une grande figure du mouvement Noir américain. Elle adhère au Parti Com- muniste vers 18 ans et devient membre des Black Panthers en 1967. Militante révolutionnaire, se battant pour l’égalité des noirs et des blancs mais également pour l’émancipation des travailleurs, elle comprend très vite que seule l’unité des mouvement sociaux et politiques entre blanc et noir, homme et femme per- mettra de combattre la classe diri- geante. C’est cette compréhension qu’elle paiera en étant condamnée à mort en 1972. C’est une mobilisation d’une ampleur internationale qui permit sa libération. Aujour-d’hui, elle est tou- jours militante des luttes sociales et poli- tiques aux États-Unis.

Angela Davis, la rebelle, condamnée à mort, est acquittée le 4 juin 1972

Angela Yvonne Davis est née le 26 jan- vier 1944 au «Deep South», dans les bas-fonds de Birmingham, quartier sur- nommé «Dynamite Hill», Etat de l’Alabama, aux USA. C’est l’époque des grands troubles et du racisme exacerbé dans une société ségrégationniste. Ses parents sont communistes activistes. La petite Angela, élevée dans la contes- tation et la résistance, reçoit les influences de ses futures convictions politiques et conceptions philoso- phiques. En 1958, elle obtient une bourse pour étudier à l’«Elisabeth Irwin High School» de New-York où existe un programme d’aide aux élèves noirs du Sud pour continuer leur scolarité. Angela obtient son baccalauréat. En 1961, elle rentre à l’Université de Brandeis dans le Massachusetts où elle rencontre le philosophe Herbert Marcuse, son guide. Puis elle étudie en France de 1963 à 1964. Elle rencontre le racisme, traîne de l’empire colonial français. Après la Sorbonne, elle va en Allemagne à l’Université Goethe de Francfort et suit les cours de Théodore Adorno. Ces séjours à l’étranger enri- chissent son expérience de vie, militan- tisme avec les Algériens en France et avec les jeunesses socialistes en Allemagne, et ses connaissances philo- sophiques marxistes.

Maintenant, Angela est forte. Elle décide de rentrer aux Etats-Unis pour mettre son savoir en pratique et mener le combat de son peuple, le peuple noir.

En 1968, doctorat en poche, Angela Davis devient enseignante à l’Université de San Diego. Elle milite à l’intérieur du parti communiste et des Black Panthers, totalement immergée dans la communauté noire qui endure les rafles en permanence et l’oppression de la police raciste, lynchages, supplices et exécutions sommaires sont le quoti- dien. Dans ce contexte, revendiquer des droits civiques c’est risquer sa vie à chaque instant et être à l’index.

Témoin de l’assassinat de trois de ses amis sur le campus, puis dénoncée comme communiste par un de ses étu- diants, Angela est renvoyée par la direc- tion de l’université, incitée par le gou- verneur d’alors, Ronald Reagan. Désormais, Angela est surveillée de près par le gouvernement.

C’est dans cet environnement que se produisent les circonstances qui vont façonner le destin d’Angela Davis. On est le 7 août 1970, une prise d’otages visant à libérer George Jackson, mem- bre des Black Panthers condamné à la prison à vie à l’âge de dix-huit ans pour un vol de 70 $ (dans une station-ser- vice, je crois), tourne mal. Quatre per- sonnes sont abattues et trois autres sont grièvement blessées. Angela est membre du comité de soutien de George Jackson, elle est accusée par le FBI d’avoir procuré les armes qui ont permis ce coup de force. Certes, elle est noire, mais en plus elle est une femme. Angela est la troisième femme de l’Histoire à être inscrite sur la liste des personnes les plus recherchée par le FBI, la célèbre «Most Wanted List». Mais Angela est introuvable. Durant deux mois, la panthère noire déjoue la poursuite du FBI.

Angela Davis est arrêtée le 13 octobre 1970, dans un hôtel. Accusée de meur- tres et de séquestrations… c’est la peine de mort. Angela est placée en détention provisoire pendant seize mois au «Women’s Detension Center» de New-York. L’opinion publique inter- nationale se mobilise pour la supporter, John Lenon et Yoko Ono chantent la chanson «Angela», les Rolling Stones écrivent et composent pour elle «Sweet Black Angel». Prévert lui écrit un poème. Des manifestations mons- tres grondent dans les capitales. A Paris, 100.000 personnes demandent sa libération avec en tête de la foule, Aragon et Sartre.

Grâce à la pression internationale, elle est acquittée le 4 juin 1972 de toutes les charges qui pèsent contre elle par un jury composé uniquement de blancs, au cours d’un procès hyper médiatisé qui met à jour une machina- tion du FBI. Angela est libérée sous cau- tion. Un monstre sacré est né, une grande figure pour la justice et l’égalité. Elle multiplie ses combats, pour la paix au Vietnam, pour l’égalité des femmes, contre le racisme et l’oppression.

Aujourd’hui, Angela à 62 ans, toujours rebelle. Elle lutte pour l’abolition de la peine de mort aux Etats-Unis et contre le système carcéro-industriel. Angela donne des cours sur l’éveil de la conscience à l’université de Santa Cruz en Californie, encourage l’esprit cri- tique face au prêt à penser. Angela Davis rejoint le «Comité international de soutien aux victimes vietnamiennes de l’agent Orange et au procès de New-York» (CIS).Source Christian Nirelep