Elections législatives 2022 : Qui perd et qui gagne ?

A la fin de toutes compétitions, la question qui est posée est toujours la même : qui perd et qui gagne ? La réponse est donnée, selon la nature de la compétition. Différents paramètres peuvent alors entrer en jeu, tels que : le nombre de points obtenus ; le nombre de kilomètres parcourus ; la place de l’équipe ; le nombre de voix et de sièges obtenus… Bref, autant de considérations qui déterminent que l’individu ou l’équipe arrivé en tête est censé avoir gagné.

Il s’ensuit que, les choses ne sont pas toujours aussi simples. Car, par-delà le gain apparent, qui peut être virtuel, il y a tout ce que la victoire peut ouvrir comme perspectives d’évolu- tion, de transformation en bien de l’état des choses, des contradictions et des ressentiments qui nourrissent des oppositions irréductibles et paralysantes.

Les élections présidentielles et législatives qui viennent de se dérouler en France et en Guadeloupe nous plongent au coeur de la question posée. Le moins que l’on puisse dire, c’est la plus grande confusion qui règne dans le monde politique français et la Guadeloupe n’y échappe pas évidemment. En témoignent :

- Le candidat de droite Emmanuel Macron gagne les élections présidentielles avec le soutien des partis de la gauche française, mais il perd la majorité absolue à l’Assemblée nationale.

- Les partis de gauche qui avaient opéré une alliance aux élec- tions législatives dans l’espoir de gagner la majorité à l’Assemblée nationale, perdent leur pari.

- La droite et l’extrême-droite, mêmes divisées, deviennent majoritaires à l’Assemblée nationale.

- Cerise sur le gâteau pour le Rassemblement National (RN) de Marine Le Pen, qui s’affirme légitimement le premier groupe d’opposition à l’Assemblée nationale.

A l’issue de ces deux cycles de campagne électorale, la France est ingouvernable. L’élection qui, pour la bourgeoisie, est l’alpha et l’oméga de la démocratie, a montré donc ses limites. La V ème République et son régime présidentiel, imposé par le Général de Gaulle, vivent son agonie.

En Guadeloupe, quatre députés, sans réelle conviction, ont été élus par seulement 28% des électeurs. On peut dire que l’abs- tention, avec 72%, a légitimement gagné ces élections. Mais c’est la Guadeloupe qui perd en livrant son destin à des élus non représentatifs et sans engagement.

Dans un contexte aussi préoccupant, nous sommes bien obligés de reprendre la conclusion de notre «Parlons Vrai» paru dans le numéro précédent : «La politique n’est pas un jeu. Cessons d’être les spectateurs de la politique et devenons- en des acteurs, en décidant demain quels doivent être nos combats ! Reconstruisons des formations politiques de convic- tion et d’engagement».