Le blocus des États-Unis contre Cuba se poursuit même au Sommet des Amériques !

C"était le 3 février 1962 que l’embargo américain contre Cuba, a été décrété. Cela fait maintenant 60 ans que le prési- dent des États-Unis John Kennedy annonçait l’interdic- tion des exportations et impor- tations, des sanctions totales contre Cuba, la petite île des Caraïbes qui venait de mettre fin au régime pro-américain du dictateur Batista.

S oixante ans que ce régime de sanctions unilatérales, l’un des plus longs au monde, empoisonne les relations diploma- tiques entre les deux pays et la vie des Cubains. Revenons à l"occasion de ce grotesque 60 ème anniversaire, de se rappeler les raisons qui ont provoqué un tel crime et en quoi a abouti cet embargo ?

Le seul vrai objectif de cet embargo était de changer le régime commu- niste cubain. A partir de 1992, le pouvoir américain a du changer de stratégie. Car tant que l’embargo restait bilatéral, Cuba arrivait à s"en sortir grâce à son partenariat avec d"autres puissances comme l"Union soviétique. Ainsi, deux lois succes- sives en 1992 et 1966 sont venues mettre un coup d"arrêt aux échanges avec les entreprises et banques étrangères opérant avec Cuba passant ainsi de l"embargo au blocus international.

Et pourtant, depuis 1992, chaque année Cuba présente une motion à l’ONU condamnant l’embargo. Si, la première fois, seuls 59 pays ont voté pour, le soutien a ensuite grimpé. Désormais la quasi-tota- lité vote en sa faveur. Et si même Obama, qui avait assoupli cer- taines sanctions, n’a pas réussi à le lever, c’est aussi un héritage de la loi Helms-Burton : elle interdit à tout président d’en changer les normes ou de le supprimer par décret, une prérogative réservée aux membres du Congrès.

De plus, de manière générale, l’embargo a été et reste «contre- productif» car l"objectif principal n"a pas a été atteint pour le pou- voir américain.

Et malgré les deux événements majeurs qui ont permis de rappeler aux États-Unis que le monde bouge, que de plus en plus d’États refusent de participer à une quelconque «chambre d’enregistrement» de décision criminelle, dans le fond les changements sont trop lents ou font du surplace ! DES DECISIONS DE L"ONUNON APPLIQUEES

Tout d"abord, lors de la dernière assemblée générale de l"ONU, une majorité écrasante a réitéré son opposition à l’embargo écono- mique, commercial et financier imposé par les États-Unis à Cuba depuis près de 60 ans. Cette résolu- tion est la 30 ème adoptée depuis 1992 ! L’assemblée générale s"est déclarée également préoccupée par le fait que, depuis l’adoption de ses précédentes résolutions, le blo- cus imposé à Cuba est toujours en vigueur. La position américaine de voter contre la résolution a été déplorée par l’Union européenne qui a estimé au contraire que la levée de l’embargo pourrait faciliter l’ouverture économique de Cuba.

Même le Caricom (Communauté des Caraïbes) par la voix d"Haïti, attachée à la paix, à la sécurité régionale et à l’harmonie entre tous les peuples des Amériques, déclare que les mesures extra territoriales, associées au blocus, constituent un obstacle majeur au développement des relations avec Cuba. Que vaut la parole du gouvernement américain alors que le président actuel avait pourtant promis lors des élections de revenir sur les mesures prises par l’administration du président Donald Trump.

Malgré les résolutions prises par l"assemblée générale exhortant tous les États qui continuent d’ap- pliquer des lois ou mesures telles que la loi américaine «Helms- Burton», adoptée le 12 mars 1996 de faire le nécessaire pour les abro- ger ou les annuler dès que possible, Cuba souffre mais reste debout !UN SOMMET DES AMERIQUESSOUS FOND DE DISCORDE

Ensuite, le Sommet des Amériques qui s"est tenu du 6 au 10 juin 2022 à Los Angeles. Au delà des trois e njeux à l’ordre du jour de ce som- met c"est-à-dire les pressions migra- toires, le changement climatique et le rétablissement complet de la pandémie de Covid-19, ce sont les f rictions qui ont surtout retenu l"at- tention plus que des annonces concrètes. Là encore une fois de p lus, la théorie l"a encore emporté sur la pratique.

En effet, faut-il se rappeler que Cuba a dû attendre le septième sommet, à Panama, en 2015, pour avoir son billet d’entrée, que Le Venezuela a été privé d’invitation en 2018. Et cette fois-ci, Cuba, le Nicaragua et le Vene-zuela, n"ont pas été invités à ce Sommet ce qui a suscité de vives critiques de certains dirigeants et le boycott pur et sim- ple du président du Mexique, Andrés Manuel Lopez Obrador.

Ces présences en accordéon reflè- tent l’ambiguïté mouvante des rela- tions entre Nord et Sud de «l’hémi- sphère occidental». Elles mettent le doigt sur une plaie toujours ouverte, faute d’ordonnance appropriée : ces Sommets reposent-ils sur un projet de coopération intergouvernemen- t ale, abordant des sujets transver- saux, indépendants des orienta- tions idéologiques des pays partici- pants ? Ou ont-ils pour vocation d’imposer aux participants un droit d ’entrée conditionné par leur acceptation d’une partition écrite par les États-Unis ?

A travers ce Sommet, les États-Unis avaient en fait un double but : celui de se repositionner à l"échelle du continent américain et latino-amé- ricain. Ces dernières années, face au choix des États-Unis de s"orienter davantage vers l"Asie-Pacifique, beaucoup d"États latino-américains se sont donc tournés vers la Chine.

De ce fait, les États-Unis cherchent un soutien diplomatique, en essayant notamment de limiter l"extension de la présence chinoise. L"autre but pour l"administration américaine, c"est d"endiguer les flux de migrations, ce qui pose un vrai problème humanitaire.

D"autre part, ce qui a changé c"est que les États-Unis ne sont plus le seul acteur sur le continent. La Chine, la Russie, et d"autres acteurs c omme la Turquie, l"Iran, et l"Inde sot également présents. Par consé- quent, les États latino-américains ont plusieurs cartes à jouer et peu- vent défier Washing-ton pour par- v enir à leurs fins.QUEL ESPOIR POUR LE PEUPLEC UBAIN ?

Il est clair que le développement économique de Cuba est empê- ché par cet embargo lequel est dicté par les intérêts géopoli- tiques des États-Unis. On aurait donc pu croire que les prochaines élections en octobre prochain auraient pu laisser la place à un éventuel assouplissement. Mais les pronostics montrent que le Républicains gagnant du terrain, l"administration Biden sera plus dans un calcul électoral qu"un devoir humanitaire !

Par conséquent, il ne reste au peu- ple cubain comme l"a demandé son président, de faire preuve de Résistance Créatrice en attendant que les beaux jours pour Cuba et son peuple ne soient pas trop longs à arriver !