1 ère édition de «Fèt a liv an ba bwa»

Durant quatre jours, soit du 23 au 26 juin 2022, le livre était en fête sur le site de Duval Petit-Canal avec un programme bien garni.

C’ est une idée qui a émané de deux camarades de vieilles luttes et qui se sont rencontrés fortuitement sur le site de Duval. Ces deux cama- rades ont en commun une même passion, la lecture. Après avoir échangé, cela a débouché sur l’idée géniale d’organiser une «Fête du livre sous les arbres».

C’est donc la première édition d’un Salon du livre en Guadeloupe, en pleine nature dans un lieu pit- toresque, organisée par l’associa- tion «Liv An ba bwa» avec le concours des éditeurs et des libraires de Guadeloupe. Cette association a été créée à cet effet et l’historien Raymond Boutin en est le premier président.

D’après les organisateurs, l’ambi- tion de cette initiative est d’attiser l’appétit du livre et de la lecture à la campagne comme à la ville.

Cette belle manifestation a connu ses lettres de noblesse grâce au concours de la municipalité de Petit-Canal, de la Cangt, du Con- seil régional, du Conseil départe- mental, du Rectorat et du Comité de pilotage composé de vingt et un écrivains ténors

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L’ouverture officielle a commencé par les allocutions des partenaires officiels, puis lecture du message de Maryse Condé fut donnée par sa fille, Sylvie-Anne. Une charte de mise en réseau des bibliothèques du territoire du Nord Grande-Terre a été signée en présence du préfet Alexandre Rochatte qui avait une double casquette puisqu’il repré- sentait aussi la rectrice Christine Gangloff-Ziegler, empêchée. Plu- sieurs temps forts ont marqué ces quatre jours de festivité.

La journée du vendredi 24 a été consacrée aux scolaires et aux jeunes. Le samedi 25, un vibrant hommage a été rendu à Sylviane Telchid. Le dimanche 26, Didier Destouches et Carole Venutolo ont réalisé un duo poétique et musical.

Les spectateurs ont aussi eu à apprécier une respiration musicale de Carole Venutolo, de Marylyn Dahomay, de Christophe Garain sous les notes du célèbre pianiste Jean-Michel Lesdel.

Nous avons profité de l’occasion pour interroger quelques personnalités…Ralph Ludwig, de nationalité alle- mande. Il enseigne le créole à l’univer- s ité Martin Luther, anciennement en Allemagne de l’Est.Quelles sont vos impressionsà ce Salon du livre ?Ralph Ludwig : C’est un immense plaisir pour moi d’être pré- sent avec mon ami de t oujours Hector Poullet. Je suis l’évolu- tion de la littérature antillaise et singulièrement celle de la Guadeloupe depuis plus de trente ans.

En tant que professeur allemand, je suis très heureux de pouvoir dire que j’ai développé un petit rhizome en Guadeloupe et aux Antilles et c’est bien parce qu’Hector Poullet et Sylviane Telchid, un jour, ont planté pour moi, une petite graine ici.V ous enseignez le créole ainsi que la lit- térature créole en dans la ville de Halle en Allemagne, cette langue est-elle appréciée chez-vous ?

L esétudiants sont très intéressés par l’apprentissage du créole. Ils ont un grand respect pour la variation lin- guistique. L’Allemagne ne connaît pas un bon usage de l’Allemand comme la F rance connaît un bon usage du Français. Nous avons nos dialectes et nous en som

mes fiers. Avec les diffé- rents flux migratoires de réfugiés, nous sommes devenus un carrefour c ulturel et linguistique. Beaucoup d’Allemands s’en réjouissent et moi particulièrement.Quel créole pratiquez-vous ?

Le créole que j’enseigne c’est le seul queje prétends connaître un peu, «on ti bwen», c’est celui de la Guadeloupe. S ans vouloir vexer mon excellent ami Raphaël Confiant, je ne vais pas dire que j’ignore le créole martiniquais. Vous savez comme moi que les diffé- rences ne sont pas énormes. C ependant, lorsque je discute avec mes amis haïtiens ici, il faut vraiment que j’ouvre bien les oreilles pour com- prendre quelque chose.S elon vous, le livre a-t-il de l’avenir ?

Le livre a un avenir époustouflant aux Antilles. C’est une question qui m’oc- cupe beaucoup dans ma recherche uni- v ersitaire. C’est de savoir comment cela a pu se faire qu’il y ait une telle richesse de plumes extraordinaires, qu’il y ait un tel apport à la littérature mondiale aux Antilles alors que les Antilles émanent d’une culture colonisée, de l’esclavage, de l’analphabétisme etc…Roger Toumson théoricien de la littéra- ture, universitaire, essayiste, poèteQue faire pour parvenir à aimerla lecture ?Roger Toumson :Il faut lire ! Par persévérance. En prenant l’habitude de cet exercice, on de- vient un amateur fidèle de l’activité qu’est la lecture. Elle est à la fois un plaisir et une nécessité intellectuelle, professionnelle et sociale.Pour celui qui débute et qui n’a pasencore l’amour de la lecture, combien de temps faut-il y consacrer ?

Il faut lire par petits morceaux, par petits morceaux. Il ne faut pas vou- loir lire un livre tout entier d’un seul coup. Il faut lire de brèves extraites, avoir l’aide d’un guide de lecture. Il faut choisir les livres qui racontent les histoires les plus intéressantes, si possible les plus pro-ches de l’ex- périence de vie que vivent ceux qui sont entrain de faire de l’apprentis- sage de la lecture.

Quelle est la place de la littérature gua- deloupéenne dans le circuit scolaire ?Elle a une place de plus en plus importante. Dès les écoles élémen- taires et encore davantage en col- lège, en lycée et à l’université, les lit- tératures antillaises guadelou- péennes mais aussi martiniquaises, guyanaises, et les autres littératures caribéennes, francophones et créo- lophones par exemple celui de Haïti mais aussi les autres littératures cari- béennes, hispanophones ou anglo- phones intéressent un nombre de plus en plus élargie de lecteurs. La lit- térature antillaise est enseignée avec compétence et avec passion par les enseignants.