«Les vrais communistes ici, ceux vraiment conséquents, je les admire»

Le mercredi 18 avril était organisée par l’ambassade de Cuba et Cuba Si France, une rencontre exceptionnelle avec la fille du grand dirigeant révolutionnaire cubain Ernesto ‘Che’ Guevara.Aleida Guevara présente en France pour assister à une des premières représentations d’une symphonie,composée par l’argentin Julio César Pardo,en l’honneur du Che.

C e fut l’occasion pour Aleida Guevara d’exprimer un message clair:l’héritage du Che n’est pas à commémorer, il est à faire vivre. Selon elle, respecter le message du Che, ce n’est pas seulement reconnaître ce qui ne va pas dans cette socié - té, mais agir pour la transformer.

Elle a mobilisé ses quelques paro- les d’unemilonga , à l’appui : «Si je meurs, ne pleurs pas pour moi, fais ce que je faisais, et je continuerai à vivre à travers toi». Sa présence fut l’occasion de rappeler toute l’actualité du combat du Che:

En ces temps de crise du capitalis- me, et qui ne date pas de 2008, la perspective révolutionnaire est plus actuelle que jamais. 2,5 millions d’êtres humains qui vivent avec moins de 2 $ par jour, 850 millions de personnes souf- frant de la faim, avec un réchauf- fement climatique qui fait payer à l’ensemble de l’humanité, l’opulence d’une petite minorité. Ce modèle économique capitalis- te qui accumule les richesses à un pôle et la misèr e à un autr e est insoutenable. Aleida Guevara a pesté contre la désinformation dans les pays dits développés. Désinformation sur la réalité de la situation à Cuba, et dans le reste du tiersmonde. Complaisance média - tique vis-à-vis des puissants, Etats-Unis en tête.

Elle a évoqué l’anecdote de ce journaliste français en 2003 qui dans les ballets, Aleida Guevara a pesté contre la désinformation dans les pays dits développés. Désinformation sur la réalité de la situation à Cuba, et dans le reste du tiersmonde. Complaisance média - tique vis-à-vis des puissants, Etats-Unis en tête.

Elle a évoqué l’anecdote de ce journaliste français en 2003 qui lui posait une question sur la «nécessité de renverser le tyran irakien» , et à qui elle a simple- ment répondu : «Mais quand est-ce qu’un peuple d’un pays développé a demandé l’aide d’un pays du tiers-monde pour résou- dre ces problèmes internes. Quels droits ont donc ces pays d’interve - nir? Pourquoi cette infériorité est-elle tolérée?». Elle a lancé des appels à la lutte, en Europe même, contre la politique de casse sociale. Lutter, et pas seulement s’arrêter au cons- tat intellectuel, contre l’inacceptable : la remise en cause des acquis du mouvement ouvrier, la privatisation de l’éducation, de la santé, de l’industrie. «Nous som- mes très inquiets pour vous», dit- elle.«Pourquoi cette apathie, ce manque de réaction, ici?».

En ces temps d’élections prési- dentielles, des mises en gar de salutair es sur ce qu’est réelle - ment la démocratie:«La démocratie, ce ne sont pas seulement cinq partis qui se présentent à telle élection. La démocratie, c’est le pouvoir du peuple, un état d’égalité juri- dique et sociale. Où est la démocratie quand on privatise jusqu’à l’eau? Où est la démocratie lorsqu’on envoie des troupes lorsque les peuples s’y opposent».

Pour une jeune communiste d’origine colombienne, convaincue de l’exemple cubain, la question était : Que répondre à ceux, dans les médias, à l’université, en politique qui nous parlent de la dictature cubaine?

Aleida Guevara a repris l’anec- dote d’un jeune chilien qui avait un jour trouvé une réponse meilleure que la sien ne : «Je n’ai jamais vu un tyran qui s’occupe de l’éducation et de la culture de sonpeuple. Car un peuple cultivé est un peuple libre, qui ne se laisse pas manipuler ni duper!».

Elle a rappelé ensuite les innombrables succès de la petite île: premier pays du tiers-monde dans le sport, dans les ballets, seul pays à avoir atteint les Objectifs sociaux du millénaire del’ONU. Un pays qui fait don de son savoir -faire pour les aut- res peuples.

Quelle «dictature» fait cela ? Il suf fit de voir l’unanimité, au dernier Sommet des Amériques, derrière Cuba pour voir que la vraie «dictat - ure», la vraie puissance impé- rialiste isolée, n’est pas Cuba...

C’est quoi, être communiste, pour elle?

Pour Aleida, il s’agit avant tout de «défendre les intérêts de son peuple», comme le disait son père. Etre communiste, c’est refuser l’injustice de ce système. Elle aime à rappeler l’anec- dote d’un séjour au Pérou, où elle découvre un magasin rempli de vêtements raf finés inconnus à Cuba, qu’elle ne peut à son regret acquérir, et devant la boutique, une femme indigène faisant la manche avec sonenfant. Etre communiste, c’est refuser que certaines puissent vivr e dans le luxe, et d’autres dans l’indigence. Mais, si il est facile d’être commu- niste à Cuba, pour elle, c’est sans doute le plus dif ficile et le plus beau des combats en système capitaliste, là où l’idéologie dominante est écrasante et où il faut être incroyablement fort pour résister à ce conditionne - ment quotidien.

Elle a évoqué ses mots murmurés par un camarade communiste du PCE, en Espagne, lorsqu’elle l’a questionné sur la réalité de l’engagement communiste enEurope :«T u ne peux pas savoir comment c’est dif ficile d’être communiste ici!».

Ce en quoi Guevara a conclu :

«Ceux qui sont vraiment com- munistes, ici, ce sont les meilleurs sans aucun doute. Ceux qui sont réellement conséquents avec cet engagement, ceux-là, oui je te le dis, ils ont toute mon admiration».