Crise des urgences : Quelles solutions ?

Depuis deux ans et le début de la crise sanitaire, l’hôpital public est asphyxié par une montagne de travail et n’arrive toujours pas à sortir la tête de l’eau. L’exemple le plus flagrant est le surnombre de patients aux urgences. Face à cela, le service du S AMU tire la sonnette d’alarme et attire notamment l’attention sur les bonnes pra- tiques à observer avant de se rendre aux Urgences.

Dans le cadre d’un webinaire organisé par le Gip-Raspeg (réseaux et actions de santé publique), le Dr Patrick Porte- cop, Chef de service du S AMU -S MUR au CHU de la Guadeloupe est inter- venu pour mettre en évidence les différentes problématiques aux- quelles font face l’hôpital public.«Nos équipes sont épuisées et les ressources humaines manquent désespérément. Nous avons des médecins qui quittent le navire et nous ne pouvons pas les blâmer quand nous voyons la charge de travail qu’ils ont. Il est nécessaire de réorganiser notre service».UNE FRÉQUENTATION TOUJOURS PLUS HAUTE

De plus, le service des Urgences du CHU de Guadeloupe souhaite rétablir une meilleure communi- cation autour de la notion d’ur- gences pour éviter toute confu- sion dans le traitement des dos- siers. «Il y a, aujourd’hui, une consommation effrénée des soins, notamment depuis la crise covid et la peur de la maladie, et, de ce fait, trop de personnes viennent encore aux urgences pour des petits maux

. Cela crée de longues heures d’attente et des patients de moins en moins tolérants et de plus en plus exigeants»souligne le Dr. Portecop. Pour pallier ce phéno- mène trop récurrent, les Urgen- ces ont décidé de modifier les modalités d’accès à leur service.«Les Urgences seront désormais réservées aux seuls patients régulés, c’est-à-dire à ceux qui seront passés par le Centre 15 en composant le 15, de 20 heures à 8 heures. Nous vou- lons supprimer les prises en charge qui ne seraient pas de notre ressort».

Dès lors, l’équipe des Urgences espère pouvoir exercer son travail dans les meilleures conditions.«Nous ne pouvons pas être les seuls acteurs à être sollicités pour tout bobo. Il existe d’autres structures comme les maisons de santé pluridis- ciplinaires ou les médecins généra- listes qui peuvent répondre efficace- ment aux besoins de la population. Parce que nous sommes un service public, nous nous devons de rester ouverts à tous et à toute heure mais nous souhaitons rappeler que nous avons vocation à prendre en charge en priorité les urgences vitales».COMPRENDRE LESDYSFONCTIONNEMENTS

Malheureusement, les Urgences restent un service sous tension qui subit les foudres des patients du fait de la lenteur de la prise en charge et souhaitent faire son autocritique.«Nous sommes conscients que notre profession doit encore évoluer et se moderniser. Mais, aujourd’hui, les Urgences sont prisonniers d’un rôle qui n’est pas le leur. Nous n’avons pas toutes les réponses et il est parfois préférable de prendre rendez-vous avec des médecins spécialisés. Notre coeur de métier est de répondre à des urgences de soins et non de panser toutes les plaies». Dès lors, les Urgences de Guade- loupe souhaitent se repositionner à l’échelle médicale et interpeller l’ensemble du milieu hospitalier.«Certains patients séjournent chez nous durant 24 heures, ce n’est pas normal. Il est indispensable que les charges de travail soient mieux dis- tribuées si l’on veut éviter le burn out de nos équipes et la gronde constante des patients. Les compor- tements de ces derniers frôlent l’ir- respect et l’impolitesse parce qu’ils ne se sentent pas considérés. Je peux les comprendre mais s’ils étaient mieux orientés dès le départ nous n’aurions pas ce genre de conflit. Nos collègues libéraux nous soutiennent et délivrent le même message à leur patientèle. Nous devons retrouver une certaine dis- cipline» ajoute-t-il.

REPRENDRE SA PLACE INITIALE

Pour retrouver une meilleure qua- lité d’accueil, les Urgences ressen- tent le besoin de travailler dans un cadre plus serein et entendent établir une communication plus claire et honnête avec la popula- tion. «Nous ne voulons pas être source d’angoisses et nous ne vou- lons pas non plus que les gens n’osent plus venir. Mais les méde- cins urgentistes doivent se réappro- prier leur lieu de travail et cela passe par un changement des habitudes des Guadeloupéens».