La bataille pour les réparations du crime de l'esclavage et de la traite négrière portée sur le terrain judiciaire

La loi Taubira de 2001 a reconnu l'esclavage et la traite negrière crime contre l'humanité. Sous la pression du pouvoir socialiste de l'époque, intimidé par une droite négationniste, cette loi a été imputée de son article sur les droits à réparations. Ce qui est un déni de justice, car la loi française stipule que tout crime doit être réparé : moralement et matériellement.

L'Etat français qui continue à déployer tous les artifices pour ne pas r econnaîtr e sa responsabilité dans les crimes commis en son nom et sous son drapeau ne veut parler que de réparations morales et mémorielles. Il considère qu'enseigner l'histoire de l'esclavage à l'école, accordée une journée de commémoration, participer à la construction du Mémorial ACT e en Guadeloupe, c'est de la réparation.

Pour les politiques français de gauche et de droite, reconnaître les droits à réparation pour les crimes commis et les préjudices en termes de développement économique en Afrique et dans les Caraïbes c'est faire preuve de repentance. Des or ganisations, des associations, mènent depuis longtemps une bataille sur le plan politique, culturel, historique pour imposer la r evendication du dr oit à réparation. C'est le cas du CIPN (Comité International des Peuples Noirs), du CRAN (Conseil Représentatif des Associations Noires de France).

Cette bataille est menée sur le plan inter national avec certains succès dans certains pays comme en Angleterr e, aux USA. Ces derniers temps, dans la Caraïbe, il s'est mis en place un comité des pays qui ont connu la traite et l'esclavage pour porter cette revendication au niveau de l'ONU. En Guadeloupe, le mouvement pour les réparations vient de monter d'un cran en se portant sur le terrain judiciaire. En effet deux assignations de l'Etat Français en justice viennent d'être déposées en Guadeloupe.

Une assignation déposée par un collectif d'avocats guadeloupéens et africains avec le CIPN devant le tribunal de Grande Instance de Basse-Terre et une autre par un collectif d'associations : Lakou-LKP , l'UGTG, la Fondation Frantz Fanon, le Collectif de l'Ouest de Sainte-Rose et les Environs devant le tribunal de Grande Instance de Pointe à Pitr e.

Ces deux assignations visent à la reconnaissance légale de la r esponsabilité de l'Etat français dans la commission des deux crimes de l'esclavage et de la traite et de dire que l'Etat français est tenu de réparer les dommages passés, présents et futurs résultant de la commission de ces deux crimes par la puissance publique française. Il est clair que s'engage ici une bataille de titan avec le pouvoir français.

Son issue dépendra assurément de la détermination des collectifs qui ont déposé ces plaintes, mais, il ne faut pas se tromper, la force décisive se trouvera dans la mobilisation de tous les descendants d'esclaves, dans l'intervention de tout le peuple guadeloupéen. C'est de dignité et d'humanité qu'il s'agit. Pon moun pa ka fè deyè !