La loi contre la vie chère : Quel impact pour la Guadeloupe ?

L’Assemblée nationale a voté le 22 juillet 2022, le projet de loi sur la vie chère en premièr lecture par 341 voix pour, 116 contre, 91 abstentions.

Les députés ont acté des mesures susceptibles d’alléger les charges qui affectent la vie des ménages français.
- Un chèque alimentaire de 100 € augmenté de 50 € par enfant à charge
- Une augmentation de 4% des pensions de retraite et des prestations sociales
- Une hausse de 3,5% des traitements des agents de la fonction publique
- 4% d’augmentation pour les bourses sur critères sociaux
- 1€ pour le ticket de restaurant universitaire
- Versement par les employeurs, jusqu’au 31 décembre 2023 d’une prime exceptionnelle de 3 000 € pour les salariés dont les revenus sont trois fois inférieurs au Smic
- Plafonnement de la hausse des loyers à 3,5% en France
- L’autorisation de l’utilisation des huiles usagées comme carburant
Ce projet de loi qui a été adopté dans le bruit et la fureur est loin de répondre aux problématiques de la vie chère. Les compromis qui ont été négociés par les députés ne vont pas régler les questions de la hausse du coût de la vie, parce qu’ils ne s’attaquent pas à la question de fond, celle de la domination du capital

.
Ce sont des dispositions à la marge qui ne couvrent pas les pertes de pouvoir d’achat des années antérieures, ni le niveau de l’inflation actuelle qui se situe aux alentours de 6%.
Le capitalisme ne fait pas dans la dentelle et s’organise pour maintenir toujours ses marges bénéficiaires.
Il ne connait pas le partage des richesses qui permettrait de lutter efficacement contre l’augmentation du coût de la vie.
Soutenu par la majorité «macroniste», le LR et le RN à l’Assemblée nationale, le monde des entreprises s’oppose aux mesures emblématiques suivantes de lutte contre la vie chère :
- La hausse des salaires en fixant pour commencer la valeur du Smic à 1 500,00€ net
- Une taxe d’au moins 25% sur les bénéfices des grands groupes qui ont profité de la reprise économique post-covid, tels :
• Total-Energie qui a enregistré un bénéfice net de 14 milliards d’euros en 2021
• La compagnie CMA-CGM qui peut réduire ses prix de 25%
L’IMPACT DE CETTE LOI
SUR LA VIE CHERE DANS
LES OUTRE-MER
Pour les députés des territoires dit d’«Outre-mer», c’est la déception et la colère. Ils ont le sentiment d’avoir été trahis par le ministre de l’Intérieur qui leur avait fait la promesse que les spécificités de leur territoire seraient prises en compte dans cette loi.
C’est la douche froide venant de la rapporteure du projet de loi, la députée Charlotte Parmentier, qui a déclaré dans le style décomplexé, cher à la macronie : «Toutes mesures spécifiques en faveur des Outre-mer entraineraient une rupture d’égalité avec le territoire français», ce qui a mis le feu aux poudres.
Les députés des territoires encore colonisés par la France sont vent debout contre ce projet de loi qui, d’après leurs déclarations, ne tient aucun compte des différences réelles de situation que vivent leurs compatriotes. Lors d’une conférence de presse commune qu’ils ont organisée, ils ont listé devant la représentation nationale française ces différences :
- Un taux de pauvreté de 33% contre 14% en France
- Un PIB par habitant égal à 68% de la moyenne française
- Un taux de chômage de 30%, de loin supérieur ce que l’on connait en France
- Un coût de la vie supérieure de 12% de celui de la France
Madame la députée-rapporteure sait-elle de quoi elle parle quand elle sort, pour reprendre le mot du député Nilor, cette argutie de «rupture d’égalité» ? Bien sûr que si ! Elle a exprimé sans complexe la vision politique de la France :
- La France est un Etat capitaliste qui a pour vocation première la défense des intérêts et privilèges de ses entreprises et de ses patrons de la finance.
- Le lois qui sont votées pour la France ne sont pas pensées pour le développement des territoires extérieurs sous domination française.
Les députés élus en Guadeloupe et dans les autres îles sont donc placés au pied du mur. Soit, ils font le choix de la libération et ils le sautent ! Ou alors, ils font le choix de la soumission, et ils restent «brouter» au pied.
C’est une affaire de conscience et de courage !