TOUT EST POLITIQUE !

J' ai entendu avec malice, ce matin, mardi 15 mai 2012, sur les ondes de RCI, le journaliste sportif Patrick Bellot, interpeller de façon à la fois satirique et solennelle, le Président de la Région Guadeloupe. L'affublant, dans son «Billet», du titre de Ministre, il l'adjurait d'user de son nouveau pouvoir pour don- ner à la Guadeloupe (plus exacte- ment aux Comités et Ligues du pays) l'Autonomie sportive. Quand on a pratiqué, pendant plus de trente ans, le monde sportif guadeloupéen comme observateur, analyste et commentateur, ne pas comprendre cette nécessité relèverait carrément d'une grave carence intellectuelle ou simplement d'une mentalité de vassal. Pourtant, c'est à l'honneur de Patrick Bellot de profiter des cir- constances de l'actualité pour porter cette revendication. Et surtout de le faire de cette façon. Car, trop nom - breux sont ceux frappés de cécité, ceux qui préfèrent éluder la question attendant que de Paris l'on construise le sport guadeloupéen.J 'ai été parmi ceux des trop rares dirigeants du monde sportif qui dans les colonnes même des Nouvelles Etincelles a regretté non seulement l'absence de cette auto - nomie sportive, mais aussi le manque flagrant d'une réelle conscience nationale, patriotique dans ce milieu. Car cela, de mon point de vue, constitue aujourd'hui un frein au développement du sportguadeloupéen. Mais la question n'est pas simplement dans l'obtention de l'autonomie sportive. L'expérience de notre football, avec sa sélection nationale participant à des compétitions internationales avec des pays comptant parmi les plus grandes puissances du monde est suffisamment édifiante pour montrer que cette auto- nomie sportive serait aléatoire et bancale sans autonomie politique. Car c'est là que réside véritablement le fond du problème. Dans toutes les sphères de notre société qu'il s'agisse du sport, de l'économie, du social, de la culture, des valeurs spirituelles et esthé- tiques de notre vivre ensemble, il faut un pouvoir politique guadelou- péen. C'est une exigence vitale pour remettre à l'endroit ce pays dont les habitants paraissent mar- cher sur la tête. Le Président socialiste a réaffirmé le choix politique du candidat François Hollande, d'abroger la loi portant sur la réforme des collectivités territoriales votée par la droite de Sarkozy. Cette réforme qui était loin de répondre à notre revendication d'un changement de statut en Guadeloupe n'a pas trouvé grâce aux yeux des socialistes. Voilà qui en dit long sur leur conservatisme et leur jacobinisme, ce qui explique la position assimilationniste et intégrationniste affichée par Victorin Lurel. Cette orientation du nouveau pou - voir socialiste ne changera rien à notre détermination d'arracher à l'horizon 2014, la mise en place d'une Assemblée constituante pour l'exercice de notre doit à l'autodétermination et à l'instauration d'un statut politique de large Autonomie. La délibération revendiquant une Collectivité Unique, votée par les 3 col - lectivités départementales constituant la Région française d'Alsace est la preuve s'il en était besoin que les socialistes sont à côté de la plaque. Ce sont les peuples qui font leurhistoire. Alors Patrick Bellot, l'Autonomie sportive que vous souhaitez se trouve naturellement dans l'Autonomie Politique. Mais, ce n'est pas et pour cause Victorin Lurel, Ministre ou pas qui vous aidera sur ce coup-là. C'est la prise de conscience par le peuple guadeloupéen, entrainé dans l'action par les Forces Patriotiques, Anticolonialistes et Anticapitalistes unifiées, de sa destinée de peuple qui ouvrira le che - min de l'émancipation.