La vie chère en Guadeloupe

Depuis les mouvements sociaux du premier trimestre 2009, plusieurs enquête ont été effectuées sur les prix en Guadeloupe, dont celle de l’Autorité de la concurrence et du Sénat.

Quand on parle de vie chère, les regards se portent tout de suite sur nos agriculteurs, nos marins-pê-cheurs, nos marchés locaux. Ce sont les premiers pointés du doigt alors qu’ils ne sont que les maillons faibles de l’économie guadeloupéenne.
Pour parler de vie chère, les économistes considèrent à la fois les revenus et le niveau général des prix. La vie est chère parce que les revenus dont on dispose ne suffisent pas pour prendre en charge le coût de la vie.
Stigmatiser les prix de nos produits du terroir découle d’une analyse très superficielle qui ne tient pas compte de leur prix de revient.
Nos agriculteurs sont tributaires de l’application de la loi sur les certificats d’obtention végétale votée par le Parle-ment européen le 28 novembre 2011. En d’autres termes, les agriculteurs ne peuvent plus légalement utiliser librement leurs semences récoltées sur leur plantation surtout pour la vente.
D’autres parts, tous les intrants chimiques ou naturels qui sont autorisés, sont vendus plusieurs fois plus chers en Gua-deloupe qu’en France.
La production guadeloupéen-ne se trouve aussi confrontée à la concurrence déloyale faite par des produits agricoles à bon marché en provenance de la Caraïbe et qui n’ont pas les mêmes exigences en matière de traitement sanitaire.
L’Europe dont fait partie la Guadeloupe, a signé des ac-cords internationaux avec certains pays de la Caraïbe, les autorisant à déverser leurs produits en Guadeloupe, en Mar-tinique et en Guyane.
De plus, la main-d’oeuvre en Guadeloupe est encadrée par le droit du travail, ce n’est pas le cas chez nos voisins de la Caraïbe et cela a un coût. La cherté de la vie n’est pas l’affaire seulement du secteur primaire.
Depuis les mouvements sociaux du premier trimestre 2009, plusieurs enquêtes ont été effectuées sur les prix en Guadeloupe, dont celle de l’Autorité de la concurrence et du Sénat.
L’Autorité de la concurrence a réalisé en septembre 2009 des relevés comparatifs entre la France et les Dom, d’un panier de 100 produits commercialisés en grande surface, essentiellement des produits importés de France.
La première constatation formulée concerne le niveau des écarts ainsi relevés : La médiane des écarts de prix relevés se situe à 65% en Guadeloupe, 70% en Martinique et en Guyane.
Au vu de ce relevé de prix, il apparait que l‘écart de prix entre la France et les Dom concerne aussi bien les produits importés que les productions locales. La différence de prix est particulièrement importante pour l’alimentation.
La guerre en Ukraine aidant, l’économie guadeloupéenne a subi une hausse globale des prix.
On ne peut pas se fonder uniquement sur la concurrence pour régler le problème du coût de la vie. La Guadeloupe a besoin d’un véritable levier politique pour faire ses choix économiques. La responsabilité incombe alors aux Guadelou-péens pour inverser la vapeur.