Haïti, à la croisée des chemins

Depuis quelques temps nous avons, par la télé officielle française, des images de Haïti où nous explique-t-on, des gangs armés sèment la terreur, désespérant une population déjà appauvrie par des décennies de dictature et de catastrophes naturelles.

Dans un précédent numéro du journal, nous expliquions que ce pays a toujours ici, chez nou,s servi d’épouvantail aux colonialistes français et à leurs suppôts locaux. Réclamer l’Autonomie de la Guadeloupe ferait de nous, disaient-ils, un peuple «d’affamés disputant aux chiens errants des os».
Le formidable travail fait depuis toujours, mais accentué ces vingts dernières années par les panafricanistes, dont deux des plus éminents viennent de la Caraïbe, Firmin et Garvey a mis à notre disposition des livres, des enquêtes, des recherches scientifiques avérées, nous permettant des réponses à des questions fondamentales pour comprendre ce qui fait l’histoire de Haïti.
Qui peut démentir que les puissances occidentales esclavagistes ne soient senties humiliées après que Toussaint Louverture, à la tête d’une armée de nègres anciens esclaves, ait vaincu les troupes de Napoléon ?
N’est-il pas vrai que la France ait organisé un blocus autour de l’île rebelle, l’obligeant à lui verser en or pendant plus de 100 ans une somme encore mal évaluée mais représentant environ 150 millions de francs or ?
Au 20e siècle, les dictatures sanglantes qui ont rythmé la vie politique de Haïti ne sont-elles pas toutes le fait d’une petite et très riche bourgeoisie corrompue soutenue par les USA et l’Europe ?
Il y a deux ans, qui a assassiné Jovenel Moïse et où en est l’enquête ? Comment expliquer que les USA, dont l’armée franchit des milliers de kilomètres pour faire la guerre en Irak, Afghanistan, Lybie soient incapables de venir à bout de ces gangs de tueurs qui sévissent à Port-au-Prince, et ceci à quelques kilomètres de leurs frontières ?
Où sont passés les défenseurs des droits de l’Homme de la dite «Com-munauté internationale» ? Qui s’est opposé, à l’ONU, à une résolution de la Chine interdisant la vente d’armes en Haïti dans les conditions habituelles ? Poser ces questions, c’est comprendre un des scénarios de la géopolitique du 21e siècle.
Non, ils ne sont pas des complotistes, nos panafricanistes, quand ils nous expliquent ceci : «Le capitalisme est né grâce, en grande partie, au travail de dizaines de millions de noirs arrachés à l’Afrique et qui, pendant plus de trois siècles, ont produit gratuitement toutes les richesses dont le monde occidental est si fier. D’où son arrogance et son mépris envers ce qu’il a appelé longtemps «le tiers-monde», entendez par là des sous-hommes à civiliser...
Mais le monde a changé et le réveil de l’élite occidentale est brutal. En fait, les Occidentaux comprennent que pour continuer à dominer le monde il leur faut, non plus des Africains dont il faut plutôt diminuer le nombre, mais ils ont besoin de toute urgence de la terre africaine riche de ses métaux précieux, de son pétrole, de son gaz naturel, ses terres arables, ses fleuves navigables, sa faune, sa flore etc..
Comment y parvenir quand la jeunesse africaine (et par ricochet celle de Haïti) affronte ces armées étrangères et s’oppose à l’assassinat de leurs leaders nationalistes comme cela se faisait par le passé ? Aujourd’hui tout se voit, tout se sait, grâce à la technologie moderne et c’est tant mieux pour la résistance des peuples épris de liberté.
Haïti, qui malgré son histoire mouvementée, fournit au monde tant d’hommes de science, d’écrivains, d’artistes de renom, participe à ce vaste mouvement de libération et de réhabilitation du monde noir.