Ils sont allés à Canossa

Les élus exécutifs, dits de «l’Outre-mer français», signataires de l’Appel que nous avons qualifié de «Lamentations de Fort-de-France», sont invités mercredi 7 septembre 2022, au Palais du Prince, à l’Elysée. Pourquoi ?
Un diner républicain pour le président Macron ; une réunion de travail pour les élus, même s’ils ne refusent pas l’idée d’un dîner avec le président sous les lambris dorés du Palais. Quoi qu’il en soit, aucun président d’exécutif n’a encore déclaré qu’il n’ira pas à Paris, s’il ne s’agit que d’un dîner.
Au moment où nous écrivons ces lignes, il est pratiquement certain qu’ils sont tous déjà à Canossa, aux «pieds» du prince. Au fond, qu’attendaient-ils du président Macron ? Qu’il prenne leur «hauteur» ?
Mais non ! Ils s’étaient déjà rabaissés dans cette supplique de Fort-de-France, demandant au maître, comme des sujets maltraités, de s’occuper d’eux, de leur accorder un peu plus de considération, de les aider à résoudre les problèmes qui se posent dans les territoires où ils ont été élus, en affirmant qu’ils avaient les solutions.
Attention ! Nous ne disons pas que les élus locaux n’ont pas à dialoguer avec les autorités de l’Etat. Oui ! Ce dialogue doit être recherché et entretenu mais, dans la plus grande transparence, sous le contrôle permanent des citoyens et dans le respect des droits des peuples.
Cette rencontre au sommet entre le président de la République et les élus des colonies ne présente pas ces garanties. Les Guadeloupéens, je ne peux pas parler pour les autres peuples, ne connaissent rien de cet appel de Fort-de-France, ne savent rien des projets que vont défendre les présidents Chalus et Losbar devant le chef de l’Etat. On a le sentiment que des engagements vont être pris en notre nom et on reviendra nous fourguer une marchandise dont le prix a été négocié sur notre dos.
Cela nous rappelle trop l’épisode de la convocation des exécutifs et parlementaires guadeloupéens à l’Elysée par le président Nicolas Sarkozy en février 2011, quand la Guadeloupe a été ridiculisée.
La bonne stratégie politique, c’est de se présenter dans une négociation avec l’Etat, porteur d’un projet et de revendications élaborés et validés avec ceux que l’on représente. Mais pas l’inverse, comme l’affirme le président Guy Losbar, en totale contradiction avec ce que les élus guadeloupéens ont écrit dans le chapitre «Réflexion et contribution des élus sur l’évolution institutionnelle» sur leur plate-forme de propositions pour une sortie de crise : «Les élus envisagent d’ouvrir ce chantier de concertation et de co-construction par les élus, avec les forces vives et les citoyens, à la faveur des travaux du Congrès des élus départementaux et régionaux, dès le 1er semestre 2022».
Nous sommes au 2e semestre, rien n’a commencé et on s’en va discuter avec le président de la République française, sans nous consulter. C’est inacceptable !