Les responsables de la décadence de nos valeurs sociétales : J’accuse !

Dans un article publié dans le numéro 990 en date du 01/09/2022, la présidente de l’Union des Femmes Guadeloupéenne (UFG), madame Ketty Couriol Lombion s’élève contre la vulgarité de chansons érotiques de certaines jeunes chanteuses qui, selon elle, tombent dans un effet de mode ou d’imitation.

Ce «coup de gueule», fort légitime, fait suite à celui d’un père de famille de la Martinique, scandalisé par ce qui se passe sur les scènes de certains concerts et festivals de musique et qui a exprimé sa colère sur les réseaux sociaux. Tout en félicitant la présidente de l’UFG pour son courage, je regrette que cette réaction d’une association qui depuis de très longues décennies valorise la fem-me guadeloupéenne et organise différentes actions pour la promouvoir, soit si tardive concernant la dégradation des moeurs, en général, dans notre pays.
Des occasions se présentent pourtant dans la vie de tous les jours et quotidiennement. Et, par des nombreux articles dans les colonnes de cet hebdomadaire, depuis une bon-ne vingtaine d’années, la société guadeloupéenne a été interpellée sur cette déprédation des meurs et de la morale mettant à mal l’éducation familiale d’antan avec cette mère «poto mitan» assurant en parfaite harmonie avec le père, l’éducation des enfants dont la fratrie comptait fort souvent une douzaine d’enfants, voire beaucoup plus, «en marches d’escalier».
Sauf erreur de ma part, il n’y a eu de réactions, ni de personnalités politiques, ni des personnalités de la société dite civile, ni du monde associatif, encore moins pour la tenue vestimentaire qui laisse à désirer depuis longtemps dans bien des circonstances, tant chez la femme que chez l’homme. Le prétexte que nous vivons dans un pays chaud est un faux problème qui encourage la nudité sans gêne. Alors, dans mon fort intérieur, je voudrais espérer que la famille guadeloupéenne, dans sa totalité, sinon dans sa très large majorité, saisisse cette opportunité pour apporter son soutien à la présidente de l’UFG, madame Ketty Couriol-Lombion et à son équipe, dans leur noble démarche de remettre le bateau famille sur le bon cap.
Aujourd’hui, le vase aurait-il débordé ?
En tout cas, merci à l’Union des Femmes Guadeloupéennes d’avoir courageusement réagi. «Mieux vaut tard que jamais». Contrairement à la réserve formulée par la présidente, je dis qu’on ne doit avoir aucune honte à enseigner la morale, tant aux enfants qu’aux adultes, eu égard à cette décadence sociétale.
Cependant, il faut reconnaître que les jeunes filles concernées ont été inspirées par toutes les insanités qui détruisent la société guadeloupéenne, au point que les sexagénaires et plus ne s’y retrouvent plus.
Alors, oui, une fois de plus «j’accuse» :
- L’Etat et ses gouvernements successifs qui, depuis une trentaine d’années, se sont ingéniés, par la législation, à enlever pratiquement l’autorité parentale et celle des éducateurs institutionnels si nécessaires pour dispenser une éducation à la citoyenneté. Cette perte d’autorité favorise et incite même à toutes ces déviances que nous assistons chez des enfants de plus en plus jeunes. Ces responsables apparaissent aujourd’hui comme des Ponce Pilate quand ils parlent «d’ensauvagement» ou quand ils affirment que les parents peuvent et doivent assumer leur autorité sur des enfants de 16 ans, alors qu’ils projettent de leur donner la majorité électorale à cet âge. Ambition électoraliste n’est-ce pas ?
- Les responsables du système éducatif français qui ont supprimé l’enseignement de la morale à l’école, la seule discipline qui, associée à l’instruction civique, préparait à la citoyenneté et à la responsabilité.
- Le législateur qui cherche à abaisser de plus en plus l’âge de la majorité sexuelle, et de la majorité civile, ce qui ne peut que satisfaire le plaisir et les fantasmes des adeptes de la pédophilie qui déduisent avec satisfaction que le fruit est arrivé à maturité et qu’il faut le «croquer».
- Ces générations de parents qui ont laissé faire leurs enfants, par peur d’avoir à rendre des comptes à la justice, sans compter que ces parents ne pouvaient que transmettre passivement ou activement le message éducatif qu’ils avaient reçu.
- Ces paroliers de la braguette obscène, qui se reconnaîtront, qui amusent le public depuis très longtemps par des chansons au-dessous de la ceinture masculine comme féminine, en étant persuadés qu’ils se font apprécier par la totalité du peuple guadeloupéen, dont le silence, malheureusement contenu, finit par devenir complice, donc coupable.
- Certains intervenants dans tous les domaines sociétaux et sociaux, syndicaux, politiques, médias, notamment, qui, sous prétexte qu’il n’y a plus de tabous, ni dans le langage, ni dans les moeurs, s’expriment avec une vulgarité qui heurtait jadis la politesse, que ce soit en français ou en créole, ces deux langues qui ont construit la société guadeloupéenne depuis l’abolition de l’esclavage, en distinguant les registres verbaux de circonstances, tant pour les adultes que pour les enfants.
- Tous ceux qui, par le biais de la psychologie, de la physiologie ou de la sexologie par exemple, ont crû bon de faire admettre que l’acte sexuel est indispensable pour «un bon fonctionnement de l’organisme et pour se sentir bien», sans jamais préciser aux adolescents «qu’il y a un temps pour chaque chose et chaque chose en son temps», pour ne pas risquer d’être piégé dans une situation de maternité ou de paternité inconsciente, irresponsable et dans l’incapacité de l’assumer.
Parviendra-t-on aujourd’hui à inverser la vapeur ? Rien n’est moins sûr, à moins d’une miraculeuse renaissance sociétale de la Guadeloupe ou, pour reprendre un terme d’actualité : «une démarche de refondation» de la société guadeloupéenne. Pour une Guade-loupe aussi intégrée à ce jour à l’Europe et donc victime de tous les méfaits de la mondialisation, avec des politiques dans l’incapacité de sortir un Projet guadeloupéen, politique, social et sociétal, cela s’avère utopique.
Gardons tout de même l’espoir que : «tibèt ké pòté nouvèl ban nou», d’une Guadeloupe ayant retrouvé ses valeurs.