Il n’y a pas d’autonomie alimentaire ou énergétique possible sans autonomie politique

Il a été publié ici et là, y compris dans les colonnes de notre journal, des contributions intéressantes concernant les questions ô combien importantes de l’autonomie énergétique et de l’autonomie alimentaire. Et il faut les apprécier à leur juste valeur. Mais la vie réelle, l’expérience vécue nous font la démonstration qu’il serait un voeu pieux de penser la mise en oeuvre de celles-ci sans l’érection d’un véritable pouvoir politique guadeloupéen.

Le marché captif que constitue notre pays compte-tenu du fait colonial est et restera une limite, un véritable frein au développement d’une agriculture paysanne et d’une industrialisation au moins agro-alimentaire dont a besoin notre pays.
Les gouvernants français annoncent aujourd’hui leur décision de travailler à l’autonomie alimentaire de leur pays vis-à-vis de l’étranger. Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que cette autonomie alimentaire dont ils parlent ne concernera point le comptoir colonial de Guadeloupe destiné à l’écoulement de certains de leurs produits de bas de gamme.
Les poulets industriels de Bretagne (par exemple) dont nous ne pourrons pas empêcher l’arrivée ici resteront en concurrence déloyale y compris au moyen de dumping avec la production locale.
Quant à la maîtrise et au développement de nos ressources énergétiques, l’exemple de Bouillante à lui seul, suffit à démontrer combien est vaine une réelle appropriation de celles-ci sans la responsabilité politique véritable. Non, il n’y a pas d’autonomie alimentaire ou énergétique possible sans autonomie politique.
C’est pourquoi il est devenu impératif que toutes les luttes (économiques et sociales, syndicales, identitaires, culturelles, politiques y compris celles pour la conquête de certains postes électifs) convergent dans un seul et unique faisceau, celui de la lutte unifiée de toutes les forces du changement véritable pour la décolonisation de notre pays et de l’émancipation politique de notre peuple, de sa «libération nationale».
Cet impératif, eu égard à notre réalité sociétale : vieillissement de notre population, départ sans retour d’une grande partie de notre jeunesse, perméabilité de nos «frontières» à tous vents, devient une urgence.
C’est donc à la responsabilité individuelle et collective de chacun et de chacune de nos compatriotes, à la responsabilité des forces politiques organisées du pays que nous appelons pour dans l’union conquérir, cette large autonomie politique garantie pour une avancée conséquente vers le progrès réel.