Sa ki an bèk, pa an fal !

C’est un adage très connu dans nos contrées qui fait encore recette. En français, elle se traduit par : «les promesses n’engagent que ceux qui y croient».
Suite à la mauvaise gestion de la pandémie liée au covid-19 et à la raclée électorale prise par la République en Marche aux récentes élections législatives dans les dernières colonies, le président Emmanuel Macron a convié une cinquantaine d’élus des collectivités de l’océan Atlantique et de l’océan Indien à un dîner de travail pour reconquérir l’électorat qui lui a adressé un signe fort.
Pour le chef de l’Etat, l’objectif de cette rencontre est d’avoir un échange sur les sujets importants pour les citoyens, tels que la sécurité, l’emploi, la vie chère et les infrastructures.
En revanche, les signataires de l’Appel de Martinique qui regroupe la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique, Mayotte, La Réunion et Saint-Martin ont répondu à l’invitation du président Emmanuel Macron dans l’optique de faire avancer leurs propres revendications politiques.
Ils aspirent à un changement profond de politique d’aide au développement de leurs territoires respectifs frappés par la pauvreté.
En réclamant la pleine égalité des droits avec les Français, ces territoires s’enfoncent un peu plus dans le droit commun français et européen alors que leurs représentants réclament que leurs spécificités soient reconnues, avec une réelle domiciliation des leviers de décision au plus près de leurs territoires.
S’il s’avère qu’à travers ce dîner, le but de l’Elysée est de travailler avec les élus pour que l’action publique, celle menée par l’Etat, celle menée par les collectivités soient plus efficaces, soit renforcées, c’est que le chef de l’Etat ne joue pas la même partition que ces élus venus quémander un peu plus de pouvoir.
Quel crédit accorder à la parole du chef de l’Etat quand on connaît tous ses revirements durant la période de la pandémie ? S’agissant des propositions faites singulièrement pour la Guadeloupe par les élus locaux, il y avait des voix discordantes. Ces élus ne se sont pas présentés avec une proposition unique devant le chef de l’Etat. Cela ne présage rien de bon pour la suite.
D’autre part, on a le sentiment que les charrues ont été mises avant les boeufs. La logique voudrait qu’avant de se rendre dans la capitale engager des discussions avec le chef de l’Etat, au nom de leurs peuples, sur l’avenir institutionnel, ces élus prennent le pouls des populations concernées pour ne pas avoir le même résultat qu’en 2003.
La priorité du moment en Guadeloupe est la réhabilitation et la réintégration immédiate de tous les professionnels de santé suspendus, avec le règlement de leurs salaires dûs depuis plus d’un an ainsi qu’à la remise à flot du centre hospitalier universitaire de Guadeloupe.
On est en droit de se demander, si cette démarche n’est pas une stratégie bien orchestrée pour renvoyer aux calendes grecques la question de l’évolution statutaire, quand on sait que l’électorat, dans sa grande majorité, n’a plus confiance en ses élus.
Ils se disent tous satisfaits de la rencontre avec le président Emmanuel Macron, mais «sa ki an bèk pa an fal». Attendons voir !