La Guadeloupe en marche vers l’autonomie
Le coup de bluff du ministre Lecornu n’a pas fait long feu «Tout système productif doit produire les individus qui lui correspondent dont le caractère et la personnalité sont adaptés à ses exigences». Antonio Gramsci - Cahier de prison
Pour tenter de court-circuiter le mouvement revendicatif contre la politique sociale et sanitaire du gouvernement Macron, le ministre Lecornu, envoyé en mission, a tiré de sa manche deux tours de prestidigitateur.
Le premier consistait à présenter d’une manière grotesque un odieux chantage en direction du collectif des syndicats. Il réclamait en préalable à toutes négociations, la condamnation publiques des violences occasionnées lors des troubles. De ce fait, on était en présence d’une situation ubuesque. A croire que le maintien de l’ordre public relève de la compétence de grévistes ; à moins que le monde ne marche sur la tête, à moins que le maintien de l’ordre n’est plus une compétence régalienne !
Le deuxième tour de bonimenteur se résumait en sa déclaration en faveur de l’Autonomie de la Guade-loupe ! Manoeuvre dilatoire de politicien calculateur, dépassé par l’ampleur de la contestation, qui procède à la confusion volontaire entre les revendications nettes, claires et précises des grévistes et le changement de statut ! Entre les deux tours des présidentielles, au président-candidat d’avancer, déjugeant de ce fait son ministre : «L’Autonomie est une ligne rouge à ne pas dépasser», et de remettre à l’ordre du jour l’antienne chère à Lucien Bernier : «Qui paie, décide».
C’est une rodomontade que contredit l’histoire coloniale de la France. Mais, comment pouvait-il en être autrement eu égard de la sortie du chef de l’Etat, après les résultats du pseudo-référendum réalisé en plein épisode covid en Pays Kanak ?
Cependant, la question de la décolonisation a toujours été, hier comme aujourd’hui, une affaire de rapport de forces entre la puissance coloniale et les colonisés. Les partisans de «la colonisation a des effets bénéfiques» ignorent ou feignent d’ignorer les origines, l’existence et la portée des accords de Genève (1954) et d’Evian (1962). Ces deux accords historiques ont été négociés après deux débâcles, deux défaites dans la propension à nier la volonté des peuples colonisés.
Aujourd’hui, l’épisode de la nomination d’un ministre de l’Outre-mer intégré au ministère de l’intérieur démontre dans quel engrenage l’état colonial veut nous entrainer. L’histoire est têtue : Elle ne peut se résoudre à un jeu de dés pipés ! Nous restons persuadés que la décolonisation de la Guadeloupe est et reste avant tout l’affaire des Guadeloupéens. Elle se réalisera selon un rapport de forces favorable au changement contre les partisans du statu quo colonial. Les coups d’esbrouffe de dignitaires français ne sont en fait que des ferments qui nous commandent de nous unir, de redoubler d’efforts pour accélérer le processus décolonisateur.