ASSURANCE CHÔMAGE : le retour du bras de fer entre le gouvernement et les syndicats

Lors de son allocution du 14 juillet 2022, le président de la République Emmanuel Macron a annoncé une réforme de l’assurance chômage et de la formation professionnelle «dès cet été».

Il a précisé qu’un texte de loi «sera soumis à la rentrée» aux représentants patronaux et syndicaux. Si ces contours sont très flous, on comprend que ces projets de loi visent à diminuer le taux de chômage des 7% actuels à 5%, en allant plus loin que la précédente réforme de l’assurance chômage qui, via la diminution des montants d’allocations et de l’accès aux droits à indemnisation, compte réaliser 2 milliards d’euros d’économie sur le dos des chômeurs, en année pleine.
À peine lancée, la réforme déchaîne la colère syndicale. Le projet de loi qui remet sur les rails l’explosive réforme de l’assurance chômage n''est nullement apprécié par les différents syndicats.
Le gouvernement espère répondre aux difficultés de recrutement en faisant varier les conditions d''indemnisation des chômeurs selon la conjoncture. Il entend en effet moduler le montant et la période d’indemnisation des privés d’emploi selon la conjoncture économique, calquant la méthode néolibérale canadienne. Selon ce dessein, les allocations des chômeurs seront plus chiches en cas de marché de l’emploi dynamique. En période de récession, elles seront plus protectrices.
Il prévoit de prolonger jusqu’à la fin de l’année 2023 l’actuelle convention d’assurance-chômage censée prendre fin le 1er novembre prochain. Il ouvre la voie ainsi à un chantier bien plus colossal et bien plus destructeur
UN FRONT SYNDICAL DÉNONCE UNE RÉFORME SIMPLISTE
Les syndicats dénoncent à l’unisson une mesure «injuste» et «inefficace» qui va occasionner de fait une «diminution des droits à l’indemnisation». La méthode est d’ores et déjà décriée par l’ensemble des organisations syndicales représentatives, unies dans la lutte contre le régime actuel d’assurance-chômage. «Cela va être l’une des réformes les plus régressives qui soient. Elle va encore baisser les droits des chômeurs et, cette fois-ci, aucun n’y échappera. Ce nouveau projet concerne tous les privés d’emploi, alors que les règles actuelles ne touchent que les plus précaires. La fourchette d’application sera bien plus large », «Cibler les droits au chômage est totalement inefficace. Stigmatiser une nouvelle fois les demandeurs d’emploi en diminuant leurs droits à indemnisation est profondément injuste», martèlent les organisations syndicales.
UN PROBLÈME DE QUALIFICATIONS, DE CONDITIONS
DE TRAVAIL ET DE CONDITIONS D’EMBAUCHE
«Cela risque d’accentuer la précarité notamment de jeunes, alors que seul le taux de chômage de ces derniers a augmenté de 1,3 point ce trimestre», poursuivent-elles. Si «les emplo-yeurs peinent aujourd’hui à recruter c’est d’abord parce qu’ils ne trouvent pas les qualifications et les compétences qu’ils recherchent», et aussi parce que «les conditions de travail ou d’emploi proposées (…) posent problèmes : salaires trop bas, horaires atypiques ou imprévisibles, mauvaises conditions de travail, des contrats à durée très courte».
La réforme de l''assurance-chômage va marquer l''actualité politique de la rentrée. On doit s’attendre à un nouveau bras de fer entre le gouvernement et les organisations syndicales. Il y a deux logiques complètement différentes qui s''affrontent sur ce domaine de l''assurance-chômage.
D''un côté, le gouvernement qui tente de promouvoir la contracyclicité. La logique veut, quand le chômage est haut, le système est généreux, et quand le chômage est bas, les règles sont plus strictes. Mais en face, les syndicats sont vent debout, tous absolument contre. Ils appellent à «insister plus sur la formation, la mobilité, la garde d''enfants ou encore les hausses de salaires».
Une rentrée sociale très mouvementée en perspective à prévoir.