La Guadeloupe dévastée par Fiona

Il y a trente trois ans dans la nuit du 16 au 17 septembre 1989, «Hugo le terrible» frappait de plein fouet la Guadeloupe. Cet ouragan de force cinq, classé comme étant le plus violent du 20e siècle, a laissé des stigmates qui sont encore visibles dans certains coins du pays. Comme pour marquer ce souvenir, la tempête Fiona, à l’image d’Hugo, en plein week-end également, dans la nuit du 16 au 17 septembre 2022 est venue déverser ses affres sur la Guadeloupe.

A première vue, les deux phénomènes ne sont pas identiques quant au constat qu’on peut en faire. «Hugo le terrible», avait mis le pays à genoux. Le pays était ravagé, dévasté. Il demeure toutefois indéniable que l’ampleur des conséquences de la tempête Fiona sur les familles, l’économie, l’agriculture en particulier, les paysages, les ouvrages d’art et autres infrastructures publiques moins atteints à bien des égards, devront une nouvelle fois interpeler les consciences. L’homme très souvent téméraire, arrive à modeler et à façonner la nature à sa guise. Par contre, quand cette dernière décide d’en faire les siennes, nous affichons notre impuissance.
Le mode d’habiter, l’aménagement du territoire, la construction d’une équipe d’intervention de protection civile, l’éducation, l’information et la formation, l’enseignement et la prévention de la culture du risque s’imposent aujourd’hui et devraient pouvoir remplacer toutes les larmes de crocodiles versées ici et là. «On lavalas a lapli tombé si péyi-la». Les précipitations ont été plus nombreuses dans le temps et la durée, ce qui contraste avec les vents violents qui dominent les cyclones qui s’abattent généralement sur nous.
D’après les spécialistes de la météorologie, il est tombé en une nuit l’équivalent d’un mois de pluie. De tels déchainements de la nature créent immanquablement, à des degrés variables certes, émois, tristesse et désolations chez nos compatriotes. Il y a un mort à déplorer à Basse-Terre emporté par les eaux. C’est un décès de trop. De nombreuses familles sans toit ont tout perdu, les rivières en cru ne leur laissant aucune chance. Des agriculteurs, des éleveurs, lourdement atteints auront les pires difficultés à se relever de cette catastrophe.
Il ne sera jamais superflu de le rappeler, la Guadeloupe est un pays à hauts risques naturels. «Fò nou pran pokosyon antoumoman. Pokosyon pa jen an twop» disaient les grands parents. Les risques qui nous menacent sont divers et variés. En dehors des cyclones, les inondations, les tsunamis, les tremblements de terre, les submersions, les incendies, les éruptions volcaniques, auxquels il faut ajouter les pandémies, la Guadeloupe, si résiliente qu’elle soit, n’est jamais à l’abri de menaces de toutes sortes.
Il existe au niveau de chaque mairie de par la loi, un plan communal de sauvegarde doté d’un poste de commandement qui regroupe l’ensemble des services et des personnalités qualifiées de la commune. Placé sous la responsabilité du maire, il peut l’actionner à tout moment dès qu’il y a un risque majeur imminent. Pour une bonne information des administrés, les communes doivent mettre à la disposition du public le DICRIM (Document d’information communal sur les risques majeurs).
Aujourd’hui devant l’ampleur du phénomène Fiona, l’état de catastrophe naturel va être déclenché, mais l’intervention de la puissance publique doit être urgente pour remettre l’économie en marche surtout au niveau de la région basse-terrienne qui a subi le plus lourd tribut lors de cette catastrophe naturelle.