«Misère humaine, nous sommes des êtres sur-civilisés»

Ailleurs dans le monde, nous faisons envie à certains qui n’ont pas comme nous la chance d’un tel standing de vie : une technologie sans précédent, voiture, maison, travail, relations, distractions, nous sortons, mangeons et buvons librement.
Nous leur donnons l’illusion de l’abondance et de la réussite.
Chez nous, nous savons conduire, nous faisons des études et avons des diplômes, nous avons accès à tout un tas d''informations, de connaissances, d’idéologies, de réflexions, et nous croyons grands de toutes formes de savoir ou de statuts…
Nous sommes tellement gavés, que la question de la survie ne nous traverse pas l’esprit.
Nous choisissons le plat que nous voulons manger, avons une maison où habiter, avons un large choix de chaînes télé, des téléphones toujours plus sophistiqués.
Nous faisons toutes sortes de projets, de voyage, d’acquisition, de travail, et sommes dans une projection quotidienne pour demain. Nous courrons après une situation financière idéale, une situation sociale conforme aux attentes de la société, une reconnaissance ou une validation de nos pairs à obtenir à tout prix.
Mais tout n’est jamais assez, jamais suffisant, il en manque encore et l’autre à toujours plus que nous. Nous pensons alors que pour nous sentir bien, il nous faudrait avoir toujours plus et toujours mieux.
Et plus nous avons, plus nous nous sentons insatisfaits et inassouvis. Nous pouvons tous débattre de tout, réciter un tas de versets, de thèses, de logiques, de recherches et d’études sur tous types de sujets.
Plus que jamais, nous savons définir sous toutes les coutures le sens des mots, mais nous ne savons plus comment les vivre.
Nous avons ainsi perdu l’essence des mots : Donner, partage, présent, aimer, bonheur ou même simplement vivre.
Nous essayons de comprendre, de chercher, mais nous n’avons plus de lien avec notre propre âme, plus de lien avec l’autre, qui paraissent autant de chemins si difficiles d’accès.
Nous critiquons, insultons, jalousons, méprisons, nous pensons que l’autre n’est bien que s’il est comme nous, partage notre morale, nos codes éthiques ou nos pensées.
Quel paradoxe et décalage pour une nation si civilisée, une telle abondance matérielle et intellectuelle pour une si grande misère humaine.
Nous ne savons plus que nous sommes l’autre, que l’autre est «Nous» et que nous sommes «Tout» !