Ibo Simon : «Palé, Palé, Palé !»

Le samedi 24 septembre 2022, comme un boulet de canon, l’annonce du décès d’Ibo Simon alias «Waka Danaka» de son nom africain, a fait le tour des médias et des réseaux sociaux. Il est passé sur l’autre rive à l’âge de 82 ans.

Comme il est de coutume, un déluge de communiqués a été déversé sur les ondes. Des témoignages de tous genres, notamment ceux de ses fans, sont venus compléter le décor.
Il est indéniable que la vie d’Ibo Simon a marqué la société guadeloupéenne et son souvenir restera à jamais graver dans les mémoires.
• Qui était réellement Ibo Simon ?
Durant un temps, il est chanteur dans des bals populaires. Il part vivre en Ile-de-France, où il est membre d’un orchestre antillais. Il tombe dans la délinquance et finit emprisonné au Centre pénitentiaire de Paris-La Santé.
• Carrière musicale et cinématographique
Après son emprisonnement, il regagne son pays natal la Guade-loupe et se lance dans la chanson. En 1979, il réalise un tube qui a fait boule de neige : «Même si je dois mourir un jour par des mains criminelles…».
En 1980, il est appelé comme acteur dans le film «Mamito» de Christian Lara qui a connu un grand succès en Guadeloupe.
• L’homme médiatique
Dans les années 1990, il anime à la télévision privée Canal 10 plusieurs émissions dont, «É lé pèp» et «A ki ta la». Devenu l’animateur vedette de la chaîne.
• L’homme politique
En 1995, il est élu conseiller municipal à Pointe-à-Pitre.
En 1997, il se présente aux élections législatives et met en ballotage défavorable l’ex-maire Henri Bangou.
En 1998, sa liste «Fouté fè» pour les élections régionales obtient deux sièges. Il devient conseiller régional avec Raymond Viviès.
En 2001, avec sa liste «Pointe-à-Pitre d’abord», il est réélu conseiller municipal à Pointe-à-Pitre.
L’homme justicier
Le 22 juillet 2001, à l’issue d’une réunion publique tenue par Ibo Simon, une centaine de militants armés de «Guadeloupe Doubout» accompagnés d’Ibo Simon, attaquent une famille d’origine dominicaine et mettent à sac leur domicile.
En 2002, il a été condamné par la Justice à la perte de ses droits civiques pour une durée de deux ans, pour incitation à la haine raciale.
Lors des élections législatives de 2002, il s’est présenté dans la 1ère circonscription et n’est pas parvenu à se qualifier pour le 2e tour.
En novembre 2003, il perd ses mandats de conseiller municipal et de conseiller régional suite au rejet de son pourvoi en cassation de son jugement pour incitation à la haine raciale.
Lors des élections législatives de 2007, il ne parvient pas à être qualifié pour le 2e tour. Aux élections départementales de 2015, il échoue à nouveau. Ibo Simon, fer de lance de l’extrême droite en Guadeloupe, a laissé un héritage électoral.
Grâce à ses micros-trottoirs et à ses émissions en plateau, il a eu le mérite de donner la parole aux petites gens, source de sa popularité.
Cependant, l’histoire retiendra aussi, que Ibo Simon qui ne se réclamait pas politicien avec autant de mandats, a passé son temps à dénigrer la femme guadeloupéenne, la jeunesse guadeloupéenne, et surtout la race noire. Sa propre pensée lui revient comme un boomerang : «Palé, Palé, Palé» !