Ultra Loin, une série drôle sur la vie des ultramarins
Ultra Loin est la nouvelle web-série de la plateforme numérique de France Télévisions, dédiée à l’Outre-mer, la 1ere.fr. Avec huit épisodes, elle dépeint avec humour, émotion et audace le quotidien d’une colocation entre ultramarins en France hexagonale. Chloé Léonil est la réalisatrice et elle revient sur l’origine de ce projet.
D’où est né ce projet ?
La direction du pôle Outre-mer de France Télévisions a lancé un appel à projet de web-série autour d’un pitch simple, une dizaine de jeunes issus des Outre-mer se retrouvent à vivre en colocation en région parisienne. Nous avions carte blanche pour créer un synopsis à partir de cette trame. Avec mon co-auteur, Étienne Chédeville, et le producteur Augustin Bernard, nous avons dès lors développé une courte histoire et quelques personnages et France Télé nous a accordé leur confiance. Nous étions ravis. D’autant que je suis d’origine Martiniquaise, mes parents sont nés aux Antilles et je suis très sensible au patrimoine culturel de ceux-ci. Ce qui était important pour nous était de créer une vraie histoire à l’intérieur de cette colocation et de distiller aussi quelques éléments pour comprendre le choc culturel qu’il existe lorsque les ultramarins débarquent en France hexagonale.
Comment avez-vous élaboré
cette série ?
Nous avons été totalement libres sur tous les points de vue
. Tant dans la réalisation que dans le scénario. J’avais envie qu’on ressente une bonne énergie à travers cette coloc mais aussi qu’on se laisse happer par l’histoire en filigrane. Cette histoire touchante et rafraîchissante d’étudiants et jeunes travailleurs ultramarins qui sont accueillis chez Guillau-me (45 ans), lui-même réunionnais. Parmi eux, il y a Laura. Elle semble mystérieuse et en quête d’informations... Je vous laisse découvrir ce qu’elle découvrira. Mais, la série doit beaucoup à ses personnages. Ils forment une troupe festive et ils sont surtout hauts en couleur ! J’ai eu le temps de faire un casting métissé avec des comédiens ultramarins pour la plupart. Certains ont pu ainsi puiser dans leurs expériences personnelles et ça a nourri aussi la série. De plus, nous avons tourné la série sous forme d’un mockumentaire, cela signifie que les caméras prennent place aussi dans le jeu et les colocataires s’adressent à la caméra. On a usé de cette astuce du «faux documentaire» pour simplifier les conditions techniques de tournage mais le rendu est plutôt cool car cela crée de la comédie ! Voir un micro au bout d''une perche dans une scène est un parti pris assumé de réalisation. Ce tournage a été un partage d’aventures et de grands sentiments d’attachement.
Vous êtes-vous également inspirée de vos propres expériences et de votre entourage ?
Je me suis surtout beaucoup imprégnée des témoignages d’amis et familles de Martinique. J’avais besoin de connaître leurs ressentis lorsqu’ils sont eux-mêmes venus en métropole pour comprendre les réalités et les enjeux d’un tel déplacement. Car, on ne réalise que trop peu, mais même si nous avons la même nationalité, nous sommes aussi très différents dans nos rapports humains, notre gastronomie, notre style vestimentaire et musical, dans la gestion de cet éloignement physique de la famille, etc… J’ai réalisé que les ultramarins ressentent rapidement le besoin de se retrouver ensemble car ils partagent ce lien immédiat d’être Antillais, avant même celui d’être Français. C’est totalement compréhensible. Nous voulions justement évoquer cette solidarité innée sans tomber dans un discours trop manichéen ou trop communautaire. Dans la série, il nous semblait important aussi de parler du racisme et de ces préjugés ou idées parfois maladroites qui sont tenaces. Toutes ces ondes négatives, les ultramarins les ressentent et ils peuvent être pesants. Notre volonté était de rassurer les uns et de susciter le questionnement des autres, tout en légèreté, humour et situations cocasses. Nous nous sommes amusés à réaliser cette série et nous espérons qu’il y aura une saison 2 !
Le message est fort et évoqué, comme vous le dîtes, avec spontanéité. N’est-ce pas aussi une façon intelligente de dédramatiser des situations ?
Bien sûr ! France Télévisions souhaitait que la série reflète l’immensité des richesses des cultures des Outre-mer tout en épinglant, avec subtilité, les difficultés d’intégration qui peuvent découler de ces différences culturelles. Les retours que je reçois sont très bienveillants et les ultramarins se reconnaissent dans la série. C’était notre coeur de téléspectateurs et le pari est relevé !
Vous êtes une jeune réalisatrice de 29 ans. Quelles sont vos ambitions pour la suite ?
Je suis en pleine écriture de mon premier long-métrage qui s’intéressera à la vie d’une jeune maman célibataire, croulant sous les dettes et les factures. Mes personnages sont souvent des hom-mes ou des femmes exclus du système classique et qui n’arrivent plus à reprendre le fil de leur vie. Tout comme Zig, dans mon court métrage Tjenbé Red, qui vit de larcins d’oursins. Je m’attache à mettre en exergue des mo-ments complexes d’une vie bousculée par ses lots de soucis et de doutes parfois ravageurs. Je suis authentique, tout comme mes personnages.
Episodes disponible sur La1ere.fr