La question de l’énergie en Guadeloupe

«A l’heure où il est tellement question de crise de l’énergie, la géothermie qui offre de si grandes possibilités à la Guadeloupe demeure à ses premiers balbutiements, faute d’accompagnement et de réelle politique de développement. L’énergie éolienne et solaire qui pourrait être d’un certain concours n’est pas envisagée. Tout se passe en ce jour comme si nous étions condamnés à devoir tout importer pour subsister».

Ces propos n’ont pas été tenus à l’occasion d’un récent congrès ou toute autre manifestation d’une organisation écologiste, ni à l’occasion d’une campagne électorale pour séduire l’électorat, il s’agit d’un extrait de l’intervention, faite par Herman Songeons, au nom du groupe communiste au Conseil général, à l’adresse du ministre des Dom Olivier Stirn en visite en Guadeloupe en août 1974.
C’est dire que la valorisation et le développement de nos énergies renouvelables, ne relèvent pas pour le Parti Communiste Guadeloupéen de la communication et de l’opportunité politicienne, mais sont dans sa démarche constante et permanente pour la mise en oeuvre de toutes nos ressources endogènes comme base du développement économique de notre pays et au bénéfice du peuple guadeloupéen.
L’objectif de parvenir à l’autonomie énergétique de la Guadeloupe à l’horizon 2030, inscrit dans la loi relative à la Transition énergétique de 2015, avec comme étape intermédiaire 50% d’électricité renouvelable à l’horizon 2020, est un affichage purement démagogique, parce qu’il est irréalisable et irréaliste dans le cadre politique et le modèle technico-économique actuels de la production d’énergies.
En effet, le développement de nos ressources renouvelables au profit de la Guadeloupe se heurte aux intérêts de profit et à l’exigence de rentabilité immédiate des capitalistes français.
Alors que nous disposons d’un important potentiel d’énergies renouvelables (EnR), ce ne sont pas la Guadeloupe et les Guade-loupéens qui tirent profit de la production d’électricité d’origine renouvelable.
Dans le contexte mondial de l’épuisement des énergies fossiles et surtout de l’impératif de réduction des émissions de gaz à effet de serre, nos ressources renouvelables constituent plus que jamais un atout primordial pour notre développement.
Nous réitérons ici notre proposition de création par les collectivités de la Guadeloupe d’une entreprise publi-que des Énergies renouvelables et nouvelles en charge de la maîtrise de toutes nos ressources énergétiques et de leur exploitation (la géothermie, les énergies marines, le solaire, photovoltaïque et thermique, l’éolien terrestre et marin).
Nous considérons et affirmons que ces ressources énergétiques de la Guadeloupe sont le bien commun du peuple guadeloupéen, indispensable au développement humain, au développement économique et au progrès social, il s’agit de biens publics qui ne doivent faire l’objet d’aucune appropriation privée et qui doivent être soustraits de la loi du marché et du profit capitaliste et à ce titre être exploitées sous le contrôle de la puissance publique afin de garantir et préserver l’intérêt général du pays.
L’élaboration d’une politique énergétique pour la Guadeloupe n’est pas une affaire de spécialistes, un débat d’initiés, c’est une question citoyenne qui touche au mode de vie, au modèle de développement, aux modalités de déplacement, à l’organisation des transports, à l’habitat, à l’usage du foncier...
Elle doit s’inscrire dans le cadre d’une vision globale du développement du pays, de l’aménagement équilibré de notre territoire à partir de nos réalités, nos atouts et nos contraintes, avec pour finalités l’intérêt général du pays et du peuple guadeloupéen, c’est une question éminemment politique qui renvoie à un choix, une vision, un projet de société.
Pour nous, l’autonomie énergétique de la Guadeloupe est indissociable de son autonomie politique, les ressources énergétiques de la Guadeloupe sont des biens communs du peuple guadeloupéen et le droit à l’énergie constitue un droit fondamental de l’homme, son droit à la vie, à la santé, à l’éducation, à la culture au développement économique, au progrès humain.