LE TEMPS DES VÉRITÉS !

P renant la parole au débat orga- nisé la semaine dernière, au social-club animé par Jacky Dahomay, sur le thème : «Quel avenir pour le syndicalisme guadeloupéen ?», j'ai mis l'accent sur ce que je considère comme des vérités incontourna - bles pour tous ceux qui voudraient parler de la Guadeloupe. J'ai d'abord rappelé que la Guadeloupe n'est pas un objet virtuel, non identifié, ni un simple sujet d'étude. La Guadeloupe est une terre, un pays, un territoire géographique située dans le bassin caribéen. Elle ne fait donc pas partie du territoire français qui se trouve lui-même sur le continent européen. La preuve, pour pouvoir justifier que la Guadeloupe serait terre française, les partisans de cette thèse se sentent obligés d'inventer un pays qu'ils appellent la «France Hexagonale» et de nommer la Guadeloupe et les autres pays sous domination française de pays outres mers. C'est de la mystification pour tenter de masquer une réalité qui s'appel - le colonisation. En passant, j'ai profité pour tordre le coup à ce mensonge depuis si longtemps véhiculé, que Christophe Colomb aurait découvert la Guadeloupe. Bien avant que le hasard de la navigation ait poussé le convoi de ce navigateur espagnol dans la mer des Caraïbes, cette île avait connu déjà le passage des Arawaks et était occupée par les Indiens Caraïbes, qui consti- tuaient pour l'époque une civilisation assez avancée. J'ai indiqué qu'il n'était pas néces - saire de recourir à Karl Marx, avec l'arrière-pensée de l'invalider, pour comprendre le pays dans lequel nous vivons aujourd'hui. Il suffit de se mettre d'accord sur quelques vérités incontournables : Un, la Guadeloupe n'est pas la France. C'est une terre dont elle a pris possession par la ruse, les violences et des trai - tés internationaux. Deux, sur cette terre, vit un peuple constitué au cours des siècles à tra - vers plusieurs mouvements de peu - plement. Il a survécu au crime de l'esclavage, s'est forgé une culture, une langue, une identité et possède des intérêts économiques com- muns. Cette communauté originale d'hommes et de femmes forme sur ce territoire qu'ils ont transformé par leur travail une nation ayant vocation à la souveraineté. Tertio, cette communauté qui subit la domination politique, économique et culturelle de la France connait une crise structurelle qui se traduit par : la liquidation de toutes activités productives au profit de l'import consommation ; plus de 60 000 chômeurs ; des milliers de jeunes en déshérence ; plus 30 000 per- sonnes à la recherche d'un logement ; l'augmentation de la violence, des crimes et des délits etc. C'est à partir de l'analyse concrète de la réalité concrète de cette société guade- loupéenne que doit s'engager la discus- sion entre tous ceux qui pensent que cette situation est inacceptable et qu'il faut la changer. Je n'ai pas senti un engagement net, clair pour aller dans ce sens. Que voulait dire les murmures inaudibles et les sourires en coin ? Encore des paroles d'un communiste «dépassé» ?Alors, ils avaient tout faux ! Car, quelques jours plus tard, c'est un organisme officiel qu'ils ne pourront pas accuser de véhiculer une idéologie qu'ils pensent «condamnée» par l'histoi - re, ni un séparatiste, qui est venu enfon- cer le clou, encore plus profond. L'ORSAG, un organisme d'étude de la santé publique a révélé ce que cer- tains ne veulent pas entendre, que la Guadeloupe a faim. En 2010, plus de 30 000 Guadeloupéens, plus de 7% de la population connaissaient la faim. Des milliers d'autres faisaient un repas par jour, les ouvriers, les précaires, les bas salaires s'alimentaient avec des produits bas de gamme. On apprend dans ce rapport que tous les organismes qui s'occupent des personnes en difficultés dans ce domaine : banque alimentaire, secours catholique, épiceries solidai - res et autres ont vu leur fréquentation exploser ces dernières années. On trouve encore des «margoulins» pour dire que c'est le changement de statut, c'est l'Autonomie qui plongera les Guadeloupéens dans la famine.Voici venu le temps des vérités !