Parti Communiste Brésilien : Vaincre Bolsonaro dans les urnes et construire le pouvoir populaire dans les luttes

La période précédant le premier tour des élections présidentielles de 2022 a été marquée par une énorme polarisation entre les deux candidats favoris des sondages. Même sans temps d''antenne à la télévision et à la radio et sans les ressources du Fonds spécial, dont disposaient tous les autres partis, nous avons mené une campagne historique, en donnant la parole à des propositions telles que l''abrogation des contre-réformes ; la fin du plafonnement des dépenses et de la loi de responsabilité fiscale et la création de la loi de responsabilité sociale ; l''annulation des privatisations ; la défense d''un programme d''urgence pour mettre fin au chômage, au sans-abrisme, à la faim et à la misère, ainsi que la réduction de la journée de travail à 30 heures par semaine sans réduction de salaire ; la confiscation de toutes les propriétés rurales et urbaines oisives ou irrégulières sans compensation ; la réforme agraire populaire et la lutte contre l''agrobusiness ; l''expansion et la réglementation des congés de maternité et de paternité, parmi tant d''autres bannières contemplant toute la diversité des secteurs opprimés de la classe ouvrière et de leurs luttes.
Nous pensons que notre croissance avant et pendant ce processus, ainsi que la visibilité obtenue dans ces élections par les idées révolutionnaires -qui ont encore de larges masses à conquérir, mais qui ont indéniablement eu une diffusion plus large que dans les processus électoraux précédents- confirment pleinement l''importance et la nécessité des candidatures communistes, qui présentent un programme en faveur de l''indépendance et de la lutte ouvrière. Le Parti communiste brésilien (PCB) a une tâche immense devant lui -mais la pratique prouve que nous sommes sur la bonne voie, celle du renforcement et de l''enracinement politique au sein de la classe ouvrière, de la jeunesse et des mouvements populaires.
Le premier tour des élections étant terminé, la possibilité de présenter un programme prolétarien indépendant disparaît également. Maintenant, les larges masses du peuple brésilien seront obligées de choisir entre deux projets, aucun d''entre eux n''étant communiste. Le PCB se positionne dans ce second tour de manière claire : voter pour Lula pour battre Bolsonaro. Nous avons la conviction absolue que la profondeur de la crise que nous vivons ne peut être résolue en cherchant à concilier les intérêts de la bourgeoisie avec ceux des travailleurs, comme le propose la candidature du PT. Nous savons que, même s''il est battu électoralement, le bolonarisme ne disparaîtra pas de la scène, il continuera à être une menace politique pour la classe ouvrière dans les années à venir, tant qu''il ne sera pas désarmé et écrasé. Les méthodes de conciliation ne préparent pas la classe ouvrière à affronter réellement la menace du coup d''Etat bourgeois-militaire, et ne sont pas non plus capables de mettre fin aux crises économiques et politiques que nous traversons, au renforcement du chauvinisme et du militarisme au Brésil et dans le monde.
La réponse à cette crise est la construction du pouvoir populaire et la mise en oeuvre d''un programme anticapitaliste et anti-impérialiste, une tâche à laquelle le PCB et notre militantisme organisé et combatif se consacreront à tout moment dans la période à venir, quoi qu''il arrive. Cependant, nous n''avons pas le moindre doute que, du point de vue de la classe ouvrière, il existe de profondes différences entre un gouvernement bourgeois social-libéral et un gouvernement bourgeois réactionnaire ; entre un gouvernement qui tente de réconcilier la bourgeoisie et le prolétariat, et un gouvernement qui flirte avec le fascisme et est fermement uni à la bourgeoisie autour d''attaques contre la classe ouvrière et les pauvres, comme l''est le gouvernement Bolsonaro. Nous agirons pour que la classe ouvrière continue à s''organiser et à faire pression sur le futur gouvernement pour défendre ses intérêts et pour que ses revendications soient satisfaites, sans aucune vacillation.
Nous savons que la crise organique dans laquelle nous sommes impliqués, avec environ 15 millions de travailleurs et travailleuses au chômage (si l''on ajoute le chômage officiel au chômage caché), environ 36 millions vivant dans l''informalité et plus de 33 millions dans les files d''attente de la faim, se disputant des os et des morceaux de viande dans les décharges, ne sera pas résolue par une conciliation de classe. Aussi parce que la situation dramatique que nous vivons est le résultat des politiques néolibérales mises en oeuvre par les gouvernements bourgeois successifs au cours des quatre dernières décennies, toutes mises en oeuvre pour favoriser les classes dominantes, qui sont complices de cette tragédie sociale, économique et politique. Par conséquent, seul un front anticapitaliste et anti-impérialiste avec un programme de transformation sociale sera en mesure de résoudre cette crise.
Nous savons également que la lutte ne s''arrête pas au dépouillement des urnes. Les mois à venir seront marqués par des provocations fascistes, voire par une éventuelle aventure de coup d''État - non seulement pendant la campagne électorale, mais jusqu''à l''entrée en fonction du nouveau gouvernement. Ainsi, notre militantisme doit être préparé à toute situation que la conjoncture pourrait nous imposer. Nous continuerons à lutter dans les rues, sur les lieux de travail, dans les écoles et dans les foyers, en cherchant à organiser les travailleurs, les jeunes et les pauvres de notre pays afin de rompre avec ce modèle économique et social pervers, pour défendre le pouvoir populaire et le socialisme.
Le Comité central se réunira dans les prochains jours pour tenir un débat plus approfondi sur la situation et présenter ensuite de nouvelles orientations au militantisme.
Commission politique nationale du Comité central du PCB
Source : pcb.org