La conquête de l’Autonomie passe par l’adhésion des masses populaires

S’il est vrai qu’il est absolument nécessaire pour la lutte émancipatrice de notre peuple de s’enrichir d’éclairages théoriques avisés, de réflexions sérieuses et pertinentes, c’est l’intervention franche, pédagogique des responsables politiques auprès des masses populaires dans l’action concrète sur le terrain qui pourra emporter l’adhésion de celles-ci au changement salutaire dont le pays a urgemment besoin.
Ainsi, pourrions-nous nous réjouir de la tenue du récent séminaire à l’initiative du Conseil départemental qui a réuni des experts mais aussi l’expérience (Antoine Karam de Guyane, Bruno Magras de Saint-Barthélemy) sur la question de l’évolution statutaire dont le but apparent était la consolidation des points de vue de ses initiateurs pour sortir enfin de leurs interminables tergiversations.
Cependant, la question reste posée. Car on pourrait croire que Guy Losbar, président du Conseil départemental de la Guadeloupe et sa majorité avaient accédé à la compréhension que le statut d’autonomie était inéluctable et voulaient simplement, à travers ce séminaire, renforcer leur «conviction» et disposer d’un argumentaire conséquent pour faire triompher ce mot d’ordre dans le peuple. Mais, en entendant le compte-rendu de ce séminaire, Il semblerait plutôt que ces derniers n’ont pas, jusqu’à maintenant, une position commune, conséquente, ferme et définitive sur la question. De sorte qu’un des experts à ce séminaire a dû regretter, sur les ondes, l’absence de volonté politique de nos dirigeants.
Pourtant, la présence et les interventions des anciens élus, hommes politiques d’expériences cités plus haut, auraient dû contribuer à chasser le réflexe conservateur de certains. En vérité, même s’il est vrai que nos élus ne l’ont pas été pour choisir et décider du statut qui convient pour le pays, il pourrait se dessiner parmi eux quelques-uns avec un statut de leader qui pourraient montrer le chemin et gagner une large majorité de notre peuple au changement salvateur. Rien de tout cela !
Car, la mentalité de vassal qui domine encore chez trop de nos représentants, conduit ces derniers à se réfugier dans l’assistanat perpétuel, sans jamais anticiper, malgré les signes tangibles concernant les difficultés sur l’avenir de la France en Afrique. Leur grille d’analyse pour déterminer un positionnement responsable est troublée par le fait qu’ils n’abordent pas la question de façon dialectique, en la saisissant dans tous ses aspects, dans son mouvement naturel.
Nous avons sur cette question fondamentale toujours mis en avant le droit inaliénable et imprescriptible des peuples, y compris le nôtre, à l’autodétermination. C’est-à-dire le droit de choisir en toute liberté son destin de peuple. Et, depuis que le parlement français nous a récusé notre identité de peuple, nous qualifiant de population, nous avons, pragmatiques, proposé de transformer le «Congrès» en Assemblée constituante, c’est-à-dire, qu’il soit spécifiquement élu pour régler la question de l’avancée statutaire.
Il nous semble, surtout quand nous entendons la grande préoccupation des uns et des autres, que ce soit le peuple souverain qui réellement décide, que cette formule est la plus responsable, la plus démocratique qui soit.
Nous entendons de plus en parler de la proposition de se joindre à une consultation générale en liaison avec le problème corse ou calédonien. Nous ne serons pas obtus, mais nous rappelons que notre situation n’est absolument pas identique avec celle des pays cités.