Conséquence de la guerre de l’Ukraine sur l’énergie en Guadeloupe

La guerre en Ukraine crée une crise énergétique sans précédent en France. La Guadeloupe qui importe toutes ses matières premières serait-elle menacée ? Pour nous éclairer sur le sujet, c’est M. Jimmy Thélémaque, Secrétaire général de la Fédération de l’énergie CGTG qui répond à nos questions.

Avec la débâcle de l’énergie en France, la Guadeloupe sera-telle impactée ?
Jimmy Thélémaque : Pour répondre à cet-te question, il faut déjà prendre en con-sidération certaines choses. En Ukraine, on a eu la captation des matières premières, puis s’en est suivie une spéculation. Forcément, il y a une envolée des prix de cette matière première. A coup sûr, cela a un impact sur les foyers guadeloupéens. Ce qu’il faut aussi également poser pour pouvoir bien comprendre le sujet, c’est que la taille équation tarifaire qui est le prix moyenné lors du coup de production de l‘énergie électrique dans toute la France, et qui est effectivement l’application pour la Guadeloupe depuis 1972.
Il faut savoir que nous avons le même prix que le kilowattheure en France hexagonale. L’électri-cité n’échappe pas à l’augmentation galopante des prix. Au 1er janvier 2022, les prix de l’électricité ont augmenté un peu plus de 35% sur le marché français. C’est par la loi des finances que cela a été voté. Le bouclier tarifaire est venu plafonner la hausse de l’électricité de l’ordre de 4%.
Pour autant, il y a une nouvelle augmentation qui est déjà annoncée pour le 1er janvier 2023. Le gouvernement a quand même précisé qu’il y aurait une prolongation du bouclier tarifaire, mais sans préciser les modalités finales. Ce serait en vue de contenir cette nouvelle hausse à venir.
Cependant, la Guadeloupe qui est déjà une terre de chômage, une terre de précarité, de pauvreté, puis surtout de détresse sociale, la facture d’électricité, pèse de façon assez lourdement sur l’ensemble des foyers, plus tragiquement, sur les foyers les plus modestes. Sans oublier que la hausse des tarifs d’électricité est percutée sur tout ce qui est manufacturé, puisque tout fonctionne à partir d’électricité.
La Guadeloupe est déjà sous le joug d’une vie organisée plus chère, au profit de quelques-uns, dans un territoire où les inégalités aujourd’hui franchissent un nouveau cap. On va maintenant vers une paupérisation organisée en Guadeloupe.
L’électricité n’est pas une marchandise comme les autres. Voilà pourquoi nous revendiquons qu’il n’y ait aucune coupure qui soit opérée notamment face à cette augmentation des tarifs auprès d’aucun foyer, principalement pour les plus fragiles d’entre nous, les plus modestes.
Avec une électricité déjà aussi chère, le gouvernement promotionne l’achat de véhicules entièrement électriques pour la préservation de l’environnement. Comment feront les consommateurs ?
Les véhicules électriques, c’est un marché de dupe. Un véhicule électrique a besoin d’être chargé. Pour pouvoir le charger, il faut disposer d’un certain nombre de bornes électriques, alors on n’est absolument pas au rendez-vous. Faire la charge de son véhicule aujourd’hui va revenir plus cher que d’aller faire un plein d’essence ou du diesel. Donc on est quelque part pris entre le marteau et l’enclume. Sommes-nous véritablement prêts à ce qu’on appelle une mobilité électrique ? Pour la Guadeloupe c’est non.