Avec Fiona, un concept nouveau, l’artificialisation des sols

Ce monstre liquide a dévalé les pentes, déferlé en colère comme des flots déchaînés sur les plaines, détruit des paysages, des habitations, des routes et des ponts entravant son passage, emportant des animaux et, hélas, une vie humaine !

Six heures ont suffi à Fiona, sans son autre bras armé, le vent, pour provoquer la désolation et la consternation.
Elle aura le grand mérite de provoquer des visites sur le terrain de scientifiques et autres experts, des tables rondes et des débats télévisés entre responsables des collectivités majeures, l’Etat, des historiens, des géographes et des géologues, pour tenter d’expliquer ce qui s’est passé, alors qu’elle poursuivait sa route vers d’autres cieux.
Des dégâts qui auraient pu être évités, si l’on gardait en mémoire les leçons des précédents tempêtes, cyclones ou ouragans, depuis au moins 1928. Dompter la nature pour assurer son confort humain a été et restera sans aucun doute l’enjeu de l’homme. On continuera toujours :
- A l’urbanisation à outrance par destruction de paysages pour faire fleurir des habitations, même sur les berges des rivières et en bordure de la mer.
- Au détournement des lits des cours d’eau et rivières pour diverses constructions dans l’esprit : «Ôtes-toi que je m’y mette».
- A l’artificialisation des sols.
- A l’encombrement des lits des rivières par des débris de toutes sortes relevant d’une société de surconsommation générant la pollution.
- Au non curage des canaux d’évacuation des eaux pluviales.
Et la liste n’est pas exhaustive de ces constats faits par tous ceux appelés pour l’expertise. Dire que «La nature reprend toujours ses droits», est se donner bonne conscience en oubliant que l’homme est un élément de cette nature par son appartenance à la chaîne alimentaire et que son comportement doit avoir des limites pour maintenir l’équilibre. Les différentes réflexions sur le plan mondial, auxquelles participent de nombreux Etats, pour protéger la planète, vont bien dans ce sens. Et notre bel archipel doit désormais compter également avec ce nouveau concept d’artificialisation des sols.
UNE NOUVELLE FORME
D’EMPOISONNEMENT
DE NOS TERRES ?
L’artificialisation des sols est une notion relativement récente et qui pourtant a toujours été pratiquée dans ce petit archipel guadeloupéen, pour la cause d’urbanisation, mais sans se poser le plus souvent la question sur ses conséquences.
Les mornes et collines sont en effet rabotés et le tuf calcaire et volcanique transporté d’une région à l’autre pour les nécessités d’urbanisation. Compacté, il se substitue à la terre meuble. Certes, le sol est consolidé pour les fondations mais, en même temps, imperméabilisé, empêchant l’infiltration. Il en résulte un changement d’occupation du sol qui, selon Rémi Guidoum responsable biodiversité, «n’est désormais ni un espace naturel, ni un espace agricole, ni un espace forestier». On parle même de «consommation d’espace naturel, agricole ou forestier» (ENAF). Les eaux de ruissellement finissent, lors des phénomènes climatiques, par gonfler les rivières ou autres canaux d’évacuation et donner naissance à de véritables torrents.
Comment ne pas souligner que cela conforte le Parti Communiste Gua-deloupéen qui, depuis très longtemps, plaide pour la préservation des terres agricoles. Encore aujour-d’hui, le changement de destination des hectares de terre agricole pour l’implantation d’éoliennes à Dadoud Petit-Canal est bien un exemple flagrant.
Alors oui, dans ce cas précis d’artificialisation des sols, si on ne peut parler d’empoisonnement chimique comme dans le cas du chlordécone ou des pesticides, c’est, à l’évidence, un empoisonnement géologique irréversible, par intervention de l’homme également. S’il s’avère nécessaire, dans certaines situations, il faudra désormais que nos décideurs et bâtisseurs et aussi chaque Guadeloupéen, réfléchissent sérieusement pour préserver notre pays de telles catastrophes. Ce petit archipel guadeloupéen n’a qu’une superficie de 1 628 km2.