FERME ÉOLIENNE DE PETIT-CANAL : Les agriculteurs de Dadou sont-ils dépossédés de leurs terres ?

Depuis quelques semaines circule sur les réseaux sociaux, une vidéo qui dénonce le saccage de certaines parcelles de terre plantées en cannes et en produits vivriers dans le Nord Grande-Terre, plus précisément à Dadou Petit-Canal, vers Campêche Anse-Bertrand. D’après les personnes victimes de ce saccage agricole, ce serait avec l’assentiment de l’Assemblée départementale. Pour avoir un éclairage approfondi sur cette affaire, nous avons interrogé M. Blaise Mornal, maire de Petit-Canal et 3e vice-président du Conseil départemental, en charge de la Commission agriculture, développement rural, et affaires foncières.

Que se passe-t-il à Dadou ?
Blaise Mornal : Il faut savoir qu’on a eu connaissance de ce projet de ferme éolienne en 2001. A l’époque, le maire Florent Mitel avait émis un avis favorable. Ensuite, le projet a suivi son cours pour validation entre 2011 et 2022. Onze ans se sont écoulés. Ce genre de projet, lors-qu’on le met en place, il faut systématiquement s’attendre à un temps administratif assez long avant le dé-marrage des travaux. Ainsi, aujour-d’hui, nous sommes arrivés à la phase des sondages du foncier, c’est ce qu’on voit sur la vidéo qui circule. Là où il y a défornmation des éléments sur ce dossier, c’est que les travaux engagés l’ont été avec l’accord de l’ensemble des agriculteurs impactés par le projet.
Quels sont ceux qui se mobilisent alors ?
Le projet de la ferme éolienne est sur deux rangées. Il y a une rangée qui se trouve du côté de la route départementale qui va vers Cam-pêche. C’est là qu’ont débuté les travaux. La deuxième rangée se trouve plus à l’intérieur des terres, côté Atlantique de Petit-Canal. Dans cette zone, se trouve des agriculteurs connus de l’Assemblée départementale, parce qu’ils ont un bail, ceux-là sont en règle. Ensuite, ils ont été mis en contact avec le porteur de projet, avec qui ils ont négocié, d’une part, pour le début des travaux et, d’autre part, pour l’indemnisation des surfaces im-pactées par le projet. Ce ne sont pas eux qui bloquent le projet.
Combien y-a-t-il d’agriculteurs sur le foncier ?
Je ne saurais vous dire parce qu’il y a des gens qui sont sur le foncier mais qui sont inconnus de l’Assemblée départementale, car ce sont des squatters. Je rappelle que la zone de Dadou s’étend sur 75 hectares et que le projet en question n’a besoin que de 2,2 hectares. Je ne vois pas en quoi cela peut impacter la production de la zone au point que l’affirment ceux qui font barrage. Il y a dix éoliennes, la surface par exploitation c’est 2 200 m2, 1 500 m2 par implantation de l’éolienne et 700 m2 pour les voies d’accès. Les éoliennes sont placées à une certaine distance, donc les agriculteurs qui seront impactés, le seront de manière individuelle.
Les personnes qui bloquent le projet ne sont pas agriculteurs, ce sont des occupants. Certains sont fonctionnaires, d’autres sont du secteur privé. Ils ont profité du foncier durant un certain temps parce qu’il n’y avait encore aucun projet en vue. Ils revendiquent la terre alors que le foncier appartient au Dépar-tement, donc aux Guadeloupéens. Ils prétendent occuper ces terres depuis des générations et estiment de ce fait qu’elles leur appartiennent. C’est pour cela qu’ils refusent qu’on leur fasse un bail et par là même, refusent que rien ne se fasse sur les terres.
Un permis de construire avait été délivré par le préfet de l’époque en 2015. Nous l’avons contesté devant le tribunal administratif. Comme le permis avait des failles, nous l’avons cassé. Ils l’ont représenté à nouveau avec des corrections, nous avons perdu l’affaire dans la contestation.
Puis, nous sommes rentrés dans une phase de consultation et de discussion avec la société Totale Energie qui nous a rassurés sur les craintes que nous avions par rapport à la zone que nous avons définie com-me touristique. Nous avons posé nos exigences en réclamant 10% du projet au profit de la ville, c’est-à-dire que sur les dix éoliennes, il y a une qui sera propriété de la ville.
C’est un investissement de 57 millions d’euros, financé en partie par le dispositif de l’Agence France Déve-loppement (AFD), la participation de la ville étant de zéro euro. L’AFD se remboursera d’elle-même, et une fois son remboursement terminé, le reste tombera dans les comptes de la ville. Nous avons obtenu que ce soit les entreprises de la zone Nord Grande-Terre qui feront les travaux. De même, nous avons obtenu l’embauche des résidents de la zone de Petit-Canal, Port-Louis et Anse-Ber-trand sur les emplois qui ne demandent pas de qualification spécifique.
Je rappelle que ce projet, c’était celle de l’ancienne majorité municipale. Il rentre dans le plan pluriannuel d’autonomie énergétique de la Guadeloupe.