Guerre en Ukraine : D’engrenage en engrenage, le monde est devenu fou !

Ces derniers jours, l’évènement majeur a été la décision de la Russie d’organiser un référendum dans quatre régions sur le territoire ukrainien. Ces régions sont situées dans l’Est du pays aux frontières donc de la Russie : Donetsk, Lougansk, Zaporijjia, Kherson.

POURQUOI AVOIR ORGANISÉ
DES RÉFÉRENDUMS ?
Selon des observateurs la raison essentielle serait la contre-offensive lancée par les Ukrainiens face à une stagnation de l’armée russe. Par conséquent, afin de protéger ses frontières les Russes auraient décidé de réagir de manière «démocratique» par le biais de référendums. En réalité, deux de ces régions se sont autoproclamées indépendantes depuis 2014 (Donetsk et Lougansk) quoique la communauté internationale n’ait jamais validé cette situation. Dans les deux autres régions, les Russes contrôlaient déjà une partie de ces territoires. Il était donc facile à comprendre que dans cette guerre d’usure et de conquête de territoire, les Russes ne prendraient pas le risque de voir avancer la menace occidentale aux bords de ses frontières.
De plus, Vladimir Poutine a de son côté défendu ces scrutins comme le moyen de «sauver les populations» locales, Moscou justifiant son invasion en accusant Kiev de «nazisme» et d''orchestrer un «génocide» des russophones en Ukraine.
QUELS ONT ÉTÉ LES RÉSULTATS ?
Les référendums dans ces régions ont pris fin le mardi 27 septembre après cinq jours de vote. C’est ainsi que le «oui» à l’annexion de leur région par la Russie a été largement plébiscité à plus de 95% de votants.
Mais ce n’est que le 30 septembre 2022 qu’au vu de ces résultats que Vladimir Poutine a, après validation du traité qui formalise l’intégration des quatre régions par le Parlement russe, acté devant les chefs russes de ces régions leur rattachement à la Russie.
QUELLES CONSÉQUENCES
À CES RÉFÉRENDUMS ?
Face à la non-reconnaissance de légitimité de ces votes attendue par la plupart des pays du monde, quelle pourrait être la légitimité de la Russie dans ses «nouveaux territoires» ?
Comme il y a eu «référendum» et que les autorités autoproclamées de ces régions ont validé le processus, il n''y aura pas de nullité absolue des traités de ratification. Cependant, même si le droit international permette à l''Ukraine de conserver officiellement ses frontières, ces régions seront dominées par la Russie. D’autant plus que l’annexion des régions ukrainiennes par la Russie va ainsi permettra aussi à Moscou de bénéficier de nouveaux renforts car tous les Ukrainiens vivant dans les territoires annexés seront mobilisables pour la guerre. Un détail qui a toute son importance.
Comme il fallait s’y attendre, les alliés de l’Ukraine ont dénoncé ces scrutins et ont décidé de nouvelles sanctions plus sévères contre la Russie.
En réponse, Moscou a de nouveau menacé de faire usage de l''arme nucléaire en cas d''attaque contre le territoire russe.
Et depuis, c’est la multiplication d’actes de sabotage qui s’amplifie tantôt dénoncés par la Russie, tantôt par l’Ukraine. Le dernier en date est celui de la destruction partielle du pont de Crimée. Ce pont, inauguré en 2018 par le président russe, est important stratégiquement et symboliquement pour la Russie. Selon des observateurs, la réponse russe est cinglante : une campagne massive de bombardements de l’Ukraine notamment à Kiev ; lesquels auraient visés des infrastructures énergétiques.
Et si d’engrenage en engrenage, le recours à l’arme atomique serait envisagé et utilisé ? Le risque semble être faible mais pas impossible. Ce serait alors le désastre planétaire !
UNE SORTIE DE GUERRE
INESPÉRÉE ?
Comme nous l’avions écrit dans nos précédents numéros de Nouvelles-Etincelles, la seule issue possible reste la négociation ; celle qui prendrait en compte l’impératif de sécurité du peuple russe et de tous les peuples et la souveraineté du peuple ukrainien.
La victoire d’un camp sur l’autre n’aurait qu’une seule réponse : l’engrenage du conflit ! Aucun pouvoir russe et aucun pouvoir ukrainien ne penserait à accepter la défaite. Et pourtant, il faudra bien dans ce contexte d’urgence et d’extrême gravité qu’il convient de reposer l’exigence d’un cessez-le-feu et de la paix. Or, la logique de bloc participe à l’engrenage. En effet, le discours de Joe Biden à l’assemblée générale de l’ONU s’est inscrit pleinement dans son ambition stratégique de redessiner les contours de l’impérialisme américain en dévoyant les institutions multilatérales et en se faisant le héraut d’un soi-disant «camp des démocraties».
Mais face à lui, Gustavo Petro, le président colombien, qui, dans une remarquable intervention, a conjugué impératif de la paix, urgence écologique et urgence sociale. Ce décalage montre à quel point la logique de blocs défendue par nombre de pays occidentaux n’est pas partagée.
Pour vraiment arriver à une résolution pacifique du conflit, seul le courage politique sera nécessaire pour imposer ce chemin-là ! Les dirigeants actuels en sont-ils capables ?