FERME ÉOLIENNE DE PETIT-CANAL Bras de fer avec l’association ADREFANOR

Par rapport à la situation conflictuelle existant sur les terres de Dadou à Petit-Canal, nous avons donné la parole au maire de la commune et 3e vice-président du Conseil départemental, M. Blaise, Rudy Mornal qui soutient le projet dans notre précédent numéro. Pour respecter l’équilibre, nous ouvrons nos colonnes à Freddy Nomède, qui avec son association ADREFANOR sont totalement opposés au projet du groupe Total Energies.

Pouvez-vous nous présenter cette association ?
Freddy Nomède : Cette association dénommée ADREFANOR a été créée depuis 2001 et réactivée au mois de février 2022. Son but principal, c’est la défense des terres de Dadou à Petit-Canal et plus généralement dans le Nord Grande-Terre, face à toute forme de spéculation ou spoliation. J’ai été désigné président de cette association, avec les autres personnes qui nous accompagnent, nous avons fait le constat que nous avons les meilleures terres agricoles dans le Nord, de ce fait nous avons décidé, qu’il faut à tout prix les préserver au moment où l’on parle d’autonomie alimentaire. Aussi, je ne vais rien vous apprendre, en plus qu’elles sont meilleures en terme agronomique, mais elles n’ont pas été polluées par la molécule du chlordécone.
Vous êtes contre l’implantation
du projet de Total Energie, alors que notre zone de par la loi est
retenue comme territoire TEPCV (Transition énergétique pour la croissance verte), est-ce à dire
que vous êtes également contre cette politique ?
Au contraire, nous sommes les meilleurs défenseurs de la transition énergétique, pour la croissance verte, «men apa an pangal», pas n’importe comment, pas au détriment de notre santé et de notre bien-être. On peut implanter ce projet ailleurs mais pas sur ces terres-là. Je vous fais remarquer qu’il existe déjà, pas trop loin d’ici, un parc éolien et une ferme photovoltaïque dont nous ne contestons pas l’existence.
Le reproche qu’on vous fait,
«sé kè zot ka goumé avè labé
pou wob-ay». Vous vous battez pour des terres qui appartiennent au Département et sur lesquelles vous y êtes sans titre,
que répondez-vous ?
Votre question est très intéressante et cela demande un temps d’explication et de développement. La vérité sur la propriété du foncier en Guadeloupe depuis les origines est très complexe. Les terres de Dadou n’échappent pas à cette réalité-là. Les parcelles concernées par le projet du groupe Total sont détenues par le Conseil départemental de la Guadeloupe, qui lui-même en est rentré en possession par prescription acquisitive au bout des trente ans. Et c’est justement cela que nous dénonçons ! Nous disons qu’il y a magouille ou vice de forme.
Depuis les origines, ces terres ont été travaillées par plusieurs générations d’agriculteurs de Petit-Canal et des environs pour la plupart. C’était pratiquement de la friche pour l’essentiel et à force de leurs poignées et de leur sueur nos grands-parents les ont mises en valeur et ce n’est qu’il y a à peine deux ou trois ans que le département a fait venir l’eau agricole, pour nous permettre de faire de la diversification et d’améliorer le rendement à l’hectare. En clair ce sont toutes ces personnes qui auraient dû bénéficier d’un acte trentenaire en lieu et place du Département. L’affaire est devant les tribunaux, nous sommes pleinement confiants.
Que répondez-vous à ceux qui ont déjà accepté leur chèque et qui sont pour le projet ?
Il est vrai que ceux qui sont directement impactés par le projet sont à peu près une dizaine et ils ne sont pas tous d’accord pour sacrifier notre patrimoine et nos terres agricoles. Encore une fois, ils veulent nous prendre par le ventre. Total Energies leur a fait miroiter des miettes, mais l’argent va finir un jour, on ne peut accepter un tel marché. Il y va de notre dignité et de l’avenir des générations futures que nous devons dès à présent protéger.