Julien Béramis : «Nous avons créé une belle famille autour de Tropiques Criminels»

L’acteur Julien Béramis joue l’un des personnages principaux dans la série policière française à succès, Tropiques Criminels, dont la saison 3 est actuellement diffusée sur France 2. Le Guadeloupéen de 38 ans, venu s’installer dans l’archipel en 2018, a vu sa carrière prendre un joli tournant qu’il savoure à chaque instant.

La série Tropiques Criminels, tournée en Martinique connaît, depuis trois saisons, des records d’audiences. Près de 5 millions de téléspectateurs se pressent pour regarder chaque nouvel épisode. Quel est votre sentiment vis-à-vis de cela ?
Julien Béramis : Nous sommes bien sûr très reconnaissants d’un tel accueil mais, aussi, nous sommes ravis de voir que le travail et la synergie que nous avons lors des tournages, puissent se ressentir à l’écran. Sur le plateau, il y a une telle énergie positive que cela ne pouvait que transpirer dans la série. Nous travaillons ensemble depuis près de quatre ans et nous avons créé une belle famille, une famille qui puise ses racines dans un métier que nous adorons et dans un cadre qui nous émeut tous, la Martinique. Il y a une vraie évolution dans nos rapports et dans notre manière d’interpréter nos personnages. Nous avons pris possession de cette série et elle nous le rend bien !
Comment ce projet est-il arrivé jusqu’à vous ?
Je fais du théâtre depuis tout jeune. Je n’avais pas réellement défini de plan de carrière mais je voulais suivre mon instinct. Celui-ci m’a ame-né à participer au court-métrage Viré d’Hugo Rousselin qui parle d’un jeune guadeloupéen qui ne parvient pas à faire le deuil de son frère et qui renoue avec ses origines. Ce projet m’a bouleversé dans mon cheminement personnel et spirituel et, en 2018, j’ai décidé de poser mes valises en Guadeloupe, la terre de mes ancêtres, dans la maison de mes grands-parents à Gourbeyre, là où je venais chaque été. Ma femme et mes enfants m’ont suivi dans ma folle épopée et nous avons dit au revoir à notre vie parisienne. Je ressentais le besoin de développer des projets cinématographiques dans la Caraïbe et de m’enraciner davantage. Quelques semaines après mon installation, une amie me propose de lire le scénario d’une nouvelle série pilote qui se tournerait en Martini-que, l’île voisine que je ne connaissais absolument pas. J’ai passé le casting et c’est ainsi que l’aventure Tropiques Criminels a démarré. J’ai rencontré Sonia Rolland, j’ai rencontré Béatrice De La Boulaye, les deux actrices phares, et nous nous som-mes lancés avec conviction dans ce projet.
Qu’est-ce qui plaît tant dans
cette série ?
Bien sûr, il y a les intrigues policières. Les gens en sont friands ! Puis, il y a ce duo de femmes fortes, ces héroïnes qui ont du caractère ! Elles portent la série. Mais je pense qu’il y a aussi cette volonté de découvrir des paysages différents. Nous tournons durant trois mois et demi par an dans des lieux magnifiques de la Martinique, quelle chance ! Les Antilles ce sont la France mais ce sont aussi des territoires obscurs pour beaucoup de métropolitains et, à travers Tropiques Criminels, les téléspectateurs découvrent des lieux, une autre culture, un autre cadre de vie, et, surtout, ils appréhendent différemment les Outre-mer. Ils se familiarisent avec un lieu unique et avec des enjeux sociétaux qui sont, eux, universels. Dans la série, nous pouvons évoquer l’éducation, la violence, l’homosexualité. Ce qui fait la singularité de cette série, c’est sa capacité à se renouveler et à s’ancrer dans la réalité. Elle ne ferme pas la porte, bien au contraire, elle nous permet se s’intéressé à l’autre et à l’ailleurs.
Vous en parlez avec tellement d’entrain. Quel impact a eu ce projet professionnel dans votre carrière ?
C’est un véritable tremplin. Quand je suis arrivé en Guadeloupe, je n’avais guère d’idée précise de ce que serait ma vie ici. J’avais ce besoin de retour aux sources mais je ne savais pas encore comment il se matérialiserait. Cette opportunité a tout bousculé… dans le bon sens. Au-delà de la visibilité qu’elle offre, elle m’a aussi permis d’améliorer mon jeu d’acteur, d’y ajouter plus de subtilité et d’improvisation. Car, sur une série, il faut prendre le pli rapidement. Cela peut être perturbant au début car le rythme est très intense. Nous n’avons pas le même timing qu’au cinéma, nous tournons un épisode en deux semaines. Mais ça crée une belle émulation ! Tout le monde est actif, force de propositions et impliqué. Je prends, aujour-d’hui, un plaisir fou à jouer dans cette série. Nous venons de terminer le tournage de la saison 4 et nous allons bientôt entamer la saison 5.
Quels sont vos souhaits pour
la suite ?
Tropiques Criminels m’a offert une formation accélérée du métier d’acteur. Je me sens plus rigoureux et exigeant dans mon travail et dans mes envies. Je suis en train d’écrire un scénario pour un long-métrage que j’aimerais tourner à Haïti d’ici trois ans. C’est une terre complexe qui m’intrigue et où j’ai envie de laisser vivre mon écriture. Tout comme ici où je suis pleinement heureux. Selon moi, la Guadeloupe est un pétrole et c’est à nous de générer de son énergie avec humilité. La générosité qui émane de cet endroit me comble et décuple mes volontés !