Faire vivre le débat populaire sur l’avenir du pays

Nous avons exposé quʼil était nécessaire de convaincre nos compatriotes quʼil fallait obtenir plus de responsabilité pour sʼattaquer à la crise globale qui frappe notre Pays Martinique. Plus des compétences, plus de pouvoirs pour sortir la Martinique du trou noir où elle sʼenfonce.
De son côté la Collectivité territoriale de Martinique, dans la perspective du Congrès des élus, organise des rencontres citoyennes sur un certain nombre de sujets ou thématiques : vie chère, sargasses, sécurité, transports, eau et assainissement, déchets, culture et langue créole, santé, éducation, autonomie alimentaire, etc.
Un calendrier de réunions a été établi et diffusé. Fort bien. Le congrès des élus est censé aboutir à des propositions à soumettre au gouvernement, particulièrement en matière institutionnelle ou statutaire.
Et tout changement dans ces domaines devra être soumis à une consultation populaire.
Il ne faudrait pas que cette démarche aboutisse aux échecs de 2003 (Collectivité unique) ou de 2010 (Autonomie de lʼarticle 74) organisés par les chevaliers de la peur. Car les adversaires de toute évolution voire de changement de statut fourbissent leurs armes et parfois ont déjà dégainé.
Exemples non exhaustifs : Vous nʼarrivez pas à résoudre les problèmes de lʼeau, des déchets, etc, pour lesquels vous disposez des compétences et vous en réclamez de nouvelles, voire des pouvoirs normatifs (lois, règlement) ?
Autre argument : Ce quʼil faut changer ce ne sont pas les institutions, mais le modèle économique dont finalement on finit par admettre quʼil est dépassé et à bout de souffle. Les crises de 2009, puis celle de 2020/2021 ont broyé les arguties sur le modèle dʼimport-consommation qui nous régit depuis les années 1960. Mais cantonner les causes de la crise au seul périmètre de lʼéconomie est une vieille rengaine des assimilationnistes soit déclarés, soit camouflés de toujours.
Autre trouvaille nouvelle : Vu le contexte international de la guerre en Ukraine, de la crise énergétique, des risques de récession économique, etc, ce nʼest pas le moment de demander des pouvoirs qui vont nous éloigner de la France dite “hexagonale”. Il faut rester dans le bon vieux système néo-colonial.
Oui, il faut convaincre que les éventuelles défaillances de certains élus, lʼexistence parmi nos représentants dʼindividus étant tombés dans la corruption, les malversations, ne signifient pas lʼincapacité congénitale des Martiniquais(es) à gérer eux-mêmes leurs propres affaires. Cʼest un vieil argument colonialiste éculé. Dʼabord, la gestion, cela sʼapprend. Et de toutes façons, quel que soit le statut, il y aura des autorités de contrôle et le juge suprême, cʼest le citoyen avec son bulletin de vote. A condition quʼil lʼutilise à bon escient et soit correctement informé.
Il faut aussi convaincre quʼil existe un lien incontestable entre la gouvernance et le modèle économique et que pour modifier ce modèle économique, il faut détenir des pouvoirs locaux suffisants et ne pas être contraints de demander la permission à Paris et à Bruxelles pour instaurer un modèle de développement endogène et briser les structures qui nous enchainent. Car, cʼest le système lui-même qui est dépassé et périmé. Ce qui inclut à la fois les institutions et le modèle économique.
Enfin, le contexte international actuel nécessite plus de capacité à réagir et agir par nous-même. On ne peut donc faire lʼéconomie dʼun corps à corps avec nos concitoyens pour faire reculer lʼesprit de résignation, de perte de confiance en nous-mêmes, de peur, ou simplement faire comprendre de qui dépend telle ou telle question du vécu (Europe, Etat, Collectivité, EPCI, etc).
Donc, il faut, bien sûr, participer aux réunions citoyennes organisées par la CTM. Mais surtout les forces démocratiques et notre Parti doivent prendre lʼinitiative de réunions de participation populaire à la définition de notre avenir commun pour faire avancer le Pays Martinique.