Le covid-19 semble s’éloigner de nos côtes, mais, la division du peuple s’enracine dangereusement

Le 16 mars 2020, date de la «déclaration de guerre» contre le covid-19, nul ne pourrait imaginer que le peuple guadeloupéen s’enliserait dans la division.

Une division causée par une polémique inattendue sur un problème sanitaire, jamais vécu en Guadeloupe, voire dans le monde et qui, inexorablement, aura un impact certain sur l’avenir politique du pays Guadeloupe. Nombreux sont en effet les Guadeloupéens qui, depuis un certain temps, croyaient ressentir un désir, encore minoritaire certes, de prendre en main la destinée du pays pour afficher sa majorité à la face du monde et sortir de la tutelle tant politique qu’économique, pour un meilleur développement.
La pandémie a permis de montrer, malheureusement, qu’il n’en n’est rien, qu’il n’est pas question de risquer sa santé, en s’exposant à un vaccin, pour continuer à soigner ses compatriotes. L’esprit de peuple-solidaire tant revendiqué pourtant dans certaines circonstances, en a pris un coup, incontestablement.
Pourtant, dès mars 2020, plusieurs personnalités d’organisations politiques et de la société civile avaient pris la mesure de la pandémie. La peur s’était emparée d’elles devant l’hécatombe indiscutable. Elles ont appelé à la vaccination et ont cessé leur participation à des manifestations pour ne pas courir le risque de la contamination.
D’autres personnalités ont choisi d’appeler aux recettes grands-mères, dans l’espoir de valoriser et de promouvoir les possibilités de la phytothérapie de notre terroir. Rien n’y fit et le covid-19, en s’éloignant, a laissé malheureusement sur le chaos des pères et mères de famille revendiquant leurs droits à la liberté de disposer de leur corps. Sera-t-il de retour ? Nul ne peut répondre à la question mais, comme dit le proverbe créole : «véyé lanm !». Bien faire attention à un retour de flamme comme cela s’est produit dans l’histoire de plusieurs maladies.
Nous avons tenu, plus de deux ans après, à interroger le Secrétaire général de l’Union pour la libération de la Guadeloupe (UPLG), Gaston Samut.
Sans langue de bois, peut-on avoir été avant-hier pour la vaccination et aujourd’hui approuver les revendications des personnels soignants suspendus ?
Gaston Samut : La réponse est claire à mon niveau. Nous avons toujours été contre l’obligation vaccinale et le Pass sanitaire et tout ce qui en découle. Nous n’avons jamais dérogé là-dessus. Dès le départ, nous avons toujours soutenu les soignants suspendus.
Le «Nous» désigne qui ?
Le «Nous», c’est un groupe de gens, d’organisations, qui se sont réunis à un moment donné pour aller aux élections régionales. Il y a l’UPLG (Union pour la libération de la Gua-deloupe, l’ANG (NAlliance nationale Guadeloupe), et puis quelques au-tres petites organisations.
Permettez-moi de rappeler qu’au début de la pandémie, en 2020, Gaston Samut et plus précisément l’UPLG a manifesté avec le Collectif et s’est désolidarisé par la suite, après une manifestation à Basse-Terre. Comment expliquer cela ?
Gaston Samut ne s’est jamais désolidarisé du mouvement. En pleine crise du mouv ement, compte tenu du fait qu’il y a des camarades d’un certain âge, nous avons estimé qu’il fallait en tenir compte et ne pas les mettre en difficulté. Mais à aucun moment, nous ne leur avons dit de ne pas aller dans les manifestations, pour ceux qui le voulaient.
En tout cas, Gaston Samut n’a pas continué à y aller ?
Bien évidemment ! J’ai 66 ans. Par principe, je considérais que, dans une telle crise sanitaire, à un moment donné, je devais prendre du recul parce que la situation sanitaire était grave. Je devais me préserver et je devais, par mon exemple aussi, demander à mes camarades de se préserver.
Dans ce cas, est-ce que vous êtes pour ou contre la vaccination, je dis bien la vaccination et non l’obligation vaccinale ?
J’ai considéré et j’ai déclaré qu’il y avait des Guadeloupéens à risques et à qui on proposait cette possibilité. J’ai demandé aussi aux Guade-loupéens d’utiliser les différentes possibilités qu’offraient la médecine traditionnelle ainsi que des médecins généralistes qui voulaient traiter par certains médicaments mais ceux-ci ont été interdits.
Avez-vous été vacciné ?
Oui ! De deux doses.
Comment voyez-vous l’avenir désormais ?
Il faudra un regroupement des organisations anticolonialistes, indépendantistes, autonomistes et de tous les Guadeloupéens pour, avec le Collectif des résistants, impose un rapport de forces, face au gouvernement, pour la réintégration des personnels suspendus.