Deux mois autorisés pour la pêche aux lambis

Depuis début octobre, la pêche aux lambis est officiellement ouverte. D’accoutumée, elle aurait duré quatre mois. Mais pour inciter à la préservation de ce coquillage, cette année, les marins-pêcheurs n''auront que deux mois de pêche autorisée : octobre et novembre. Une initiative nécessaire pour la faune de nos mers.

Le Comité des pêches maritimes et des élevages marins des îles de Gua-deloupe (CRPMEM-IG), emmené par son président Charly Vincent, a décidé de n’autoriser la pêche du lambi seulement durant deux mois cette année contre quatre mois habituellement. «Nous recherchons des solutions pour limiter l’excès de pêche du lambi, une ressource qui diminue à vue d’oeil. Nous nous sommes concertés pour agir en faveur de la préservation de ce mollusque et cela passe par une réduction de la durée autorisée de sa pêche. Nous devons absolument faire ces efforts», souligne-t-il.
UN CALENDRIER ADAPTÉ
ET ORCHESTRÉ
Dès lors, ce n’est pas la première fois que le Comité prend des telles décisions, radicales pour certains. En effet, en 2020, la pêche du lambi avait été totalement interdite. «Nous avions fait ce choix risqué pour notre profession mais qui s’était avéré payant par la suite. Il y est clair qu’il y a une surexploitation du lambi depuis de nombreuses années que ce soit par les marins-pêcheurs mais également par les braconniers et cela ne permet plus au coquillage de se reproduire aisément. L’année sans pêche avait donné de très bons résultats lors de la pêche de l’année suivante, en 2021. Cela devrait nous motiver à apprendre à travailler avec raison et à trouver une gestion plus collective et plus durable pour la pérennité de l’espèce».
Or, l’homme n’a guère de patien-ce. «Nous voulons pêcher à tout prix sans contraintes ni calendrier précis… Mais ce n’est désormais plus possible et les stocks de pêche nous le démontrent bien. Si nous voulons des résultats, il faudra faire l’impasse sur quelques années de récolte pour recréer de la ressource. C’est la seule issue possible» insiste Charly Vincent.
SENSIBILISER TOUS LES ACTEURS
Les marins-pêcheurs du CRPMEM-IG n’hésitent plus à communiquer autour de la protection et de la préservation du lambi. «Tous les Antillais sont friands de ce mets. Il est rare et savoureux et, surtout, il est très apprécié dans la gastronomie créole. Nous en raffolons tous mais nous devons être vigilants quant à son exploitation. C’est une espèce en voie de disparition et nous devons agir en pleine conscience de ce fait. La police des pêches surveille de très près le braconnage et la contrebande des lambis pêchés dans l’Arc antillais. Il y a un trafic illégal en provenance des îles anglophones avoisinantes où la réglementation est beaucoup plus souple, voire inexistante, et qui n’apporte rien de bien à notre profession. Nous devons nous assurer que tous les marins-pêcheurs de Guadeloupe ainsi que les restaurateurs n''alimentent pas ce trafic».
Car qui dit rare, dit cher. La pêche aux lambis constitue l’une des pêches les plus rentables après l’oursin blanc et la langouste. «C’est un produit très prisé également de par son prix à la vente. Cela pousse forcément aux comportements illégaux mais nous n’avons aucune tolérance face à cela. Nous sommes conscients que ce marché offre des possibilités de rentabilité importante mais nous ne céderons pas à la pression. Il est essentiel d’inscrire cette lutte dans le débat public».
FAIRE PREUVE DE FERMETÉ POUR UNE DURABILITÉ
Sans relâche, le Comité régional des pêches affiche clairement ses idéaux et n’hésite plus à imposer de nouvelles règles. «Cela ne nous réjouit pas de limiter la pêche mais nous estimons que le lambi a besoin de 10 mois pour se régénérer. Ainsi, deux mois de pêche sont tout à fait raisonnables. De plus, nos analyses et nos données sont plutôt encourageantes quant à la possibilité de belles récoltes à l’avenir de l’espèce et, de ce fait, pour nos bourses, mais j’entends que de la frustration puisse naître. Nous devons être moins gourmands sur une rente financière importante cette année, en dépit d’une filière locale largement concurrencée par les produits surgelés. Mais, pour autant, après ces deux mois de pêche, je suis certain que beaucoup auront pu regonfler leur trésorerie. Nous devons rester solidaires et optimistes. Nous sommes parmi les meilleurs élèves de la Caraïbe où la pêche est la mieux encadrée et nous voulons le rester. Maintenant, il faut aussi accepter de respecter notre environnement et accepter de structurer davantage notre activité». De ce fait, le comité explore d’autres pistes et types de pêche. «C’est un dossier épineux mais il est certain, qu’à l’avenir, nous devrons développer d’autres sources de pêche pour pallier ce manque de revenu».