Prévention et gestion des risques naturels en Guadeloupe

Une tempête dénommée Fiona, c’est-à-dire un phénomène naturel comportant des vents soufflants à environ 90 km/heure accompagné de fortes pluies a traversé le Sud de la Guadeloupe dans la nuit du 16 septembre 2022.

Des dégâts considérables ont été relevés, causés particulièrement par la montée et l’écoulement des eaux et de boue. Un homme est mort emporté dans sa maison par les eaux en furie de la Rivière des Pères.
Des habitations placées sur le passage des eaux ont été dévastées, des ponts ont été coupés et d’autres sérieusement ébranlés, les con-duites d’eau potable sectionnées, les plantations de bananes ont subit de lourdes pertes et les sols bananiers lessivés. Devant l’ampleur des dégâts, l’Etat s’est empressé à reconnaitre l’Etat de catastrophe naturelle.
Comme après chaque catastrophe, la solidarité guadeloupéenne a répondu pleinement pour panser «les plaies», redonner espoir aux compatriotes victimes de ce cataclysme. Cette attitude naturelle qui fait partie de notre personnalité doit se maintenir pour nous permettre de faire face à toutes les adversités. Les professionnels des comportements, de psychologie, parlent à nouveau de résilience de notre peuple. C’est-à-dire, sa capacité à résister, à rebondir, à surmonter les traumatismes et à reprendre sa vie.
Les élus, les décideurs politiques, en organisant des visites filmées chez l’habitant, en distribuant des bouteilles d’eau, en relogeant temporairement quelques sinistrés, donnent le sentiment de s’inscrire dans cette résilience. Ils soulagent les misères visibles en attendant la prochaine tempête ou ouragan.
Mais, ils ne sont pas dans la même situation que la masse des gens. Ils sont en situation de pilotage, ils ont en charge de la vie des citoyens, donc, ils ont l’obligation de prévoir, d’anticiper de mettre en place les moyens d’information, de connaissance et les outils pour prévenir et gérer les situations de crise et de catastrophe.
Précisément, la Guadeloupe, du fait de sa position au coeur de la Caraïbe et du fait de son climat tropical peut être confrontée à tout moment aux risques naturels majeurs qui sont de plusieurs ordres : sismique, volcanique, cyclonique, mouvement de terrain, inondation, tsunami.
Ne pouvant ni déplacer le pays, ni empêcher ces manifestations naturelles, il nous faut apprendre à vivre dans cet espace. Cela passe par la maitrise de deux paramètres indissociables. La prévention et la gestion des risques naturels.

LES 7 PILLIERS DE LA PREVENTION DES RISQUES NATURELS

La connaissance des aléas et des risques majeurs mais également des acteurs et des moyens d''actions disponibles est un préalable fondamental à leur prévention. C’est l’État qui a la responsabilité légale d’évaluer le risque, de collecter l’information et d’en assurer la transmission. Cette étape permet d’établir, par exemple, la cartographie des aléas.
La surveillance des phénomènes a pour objectif d’anticiper un événement pour informer et alerter rapidement la population et préparer la gestion de crise. La surveillance météorologique, par exemple, est un élément essentiel du dispositif de prévision des tempêtes. Elle s’appuie sur différents dispositifs d’analyses et de mesures (par exemple les Services de Prévision de crues). Les mouvements de terrain de grande ampleur sont surveillés en permanence. Les crues rapides de rivières ou les effondrements de terrain restent néanmoins difficiles à anticiper.
L’information préventive permet à chaque citoyen soit acteur en étant conscient de son exposition et de ses moyens d’actions. Par ailleurs, la mémoire du risque rappelle régulièrement les enseignements des événements passés et de développer la culture et la conscience du risque. Cette information doit aider la population à adopter des comportements adaptés aux menaces. C’est l’un des moyens de prévention les plus efficaces.
La maîtrise de l’urbanisation est l’outil le plus efficace pour limiter les dommages liés à un risque car elle vise à limiter au maximum l’urbanisation dans les zones soumises à un aléa. L’outil phare de maîtrise de l’urbanisation en zone à risques est le Plan de Prévention des Risques. Il réglemente l’utilisation des sols à l''échelle communale, en fonction des risques auxquels ils sont soumis. Cette réglementation va de l’interdiction de construire à la possibilité de construire sous certaines conditions en passant par l''imposition d''aménagements sur les constructions existantes.
La réduction du risque se fait principalement en agissant sur la vulnérabilité des enjeux existants dans le cadre de programmes d’actions à l’initiative des collectivités pour les inondations par exemple ou à titre individuel par des travaux de renforcement parasismiques ou de débroussaillement en zones boisées. Elle bénéficie d’aides financières particulières avec le fonds de prévention des risques naturels dit (fonds Barnier)
La préparation est du ressort du maire qui reste le premier responsable de la sécurité des personnes et des biens à l’échelle de sa commune.
Pour cela, il élabore le Plan Communal de Sauvegarde (PCS), qui détermine : les mesures immédiates de protection des personnes, le mode de diffusion de l’alerte et des consignes de sécurité, les moyens disponibles, les mesures d’accompagnement et de soutien de la population. Depuis le 3 septembre 2005, chaque commune qui dispose d''un PPR approuvé doit réaliser son PCS.
Cette préparation peut se décliner aussi dans le cadre de plan particulier de mise en sûreté dans les établissements abritant des vulnérabilités particulières : écoles, campings, musées… Elle s’appuie sur la culture du risque.
Le Retour d’Expérience (REX ou RETEX) sur les risques naturels ou technologiques est une démarche consistant à apprendre des évènements passés pour mieux appréhender les crises futures. Il consiste à recueillir des informations sur les phénomènes constatés, à analyser leurs causes, à mettre en place des actions correctives afin d’éviter qu’ils se reproduisent. Cette démarche permet de réduire les risques en améliorant la sécurité des personnes, la protection de l’environnement, en réduisant la vulnérabilité des biens et le coût des catastrophes. Le REX consiste également à recueillir des informations relatives aux conséquences de l’évènement et à la gestion de crise. En outre, il permet d’améliorer la gestion des crises future. A suivre…