La Route du Rhum, destination Guadeloupe

Depuis quelques semaines déjà, le Pays Guadeloupe vit au rythme de la Route du Rhum. Cette grande compétition transatlantique en solitaire, relie la ville de Saint-Malo en Bretagne, à la ville de Pointe-à-Pitre en Guadeloupe. Le coup d’envoi va être donné ce dimanche 06 novembre 2022, pour une arrivée prévue, environ huit jours après, pour les plus futés et les plus veinards.

Lancée en 1978 pour la première fois, cette année, c’est la 12e édition en 44 ans d’existence de ce grand rendez-vous nautique qui a lieu tous les quatre ans, à destination de notre pays. Voilà bientôt un demi-siècle que la Gua-deloupe mise sur cette manifestation pour relancer son économie touristique, aux dires des autorités politiques et des organisateurs. On est loin des sobriquets et autres synonymes attribués à cette traversée dénommée la route des négriers en raison du rôle joué par ce port lors de la traite négrière du XVIIIe siècle. Est-ce à dire que les compatriotes se sont appropriés cet évènement ? Bien osé celui qui pourrait le dire avec certitude. On note toutefois avec satisfaction, sur les cent trente-huit concurrents inscrits sur la ligne de départ, un nombre grandissant de skippers guadeloupéens. Ils sont au nombre de sept dont cinq qui bénéficient d’un concours financier de la Région d’une valeur de cinquante mille euros.
A lire les réseaux sociaux qui constituent un critère non négligeable, en termes de baromètre d’opinons publiques, la voile se démocratise en Guadeloupe de plus en plus certes. Mais, nos responsables politiques doivent se rendre à l’évidence qu’il leur faudra apporter des réponses immédiates aux préoccupations majeures qui accablent le pays en ce moment.
L’argent public coule à flot en direction de Saint-Malo. La Guadeloupe a investi la bagatelle de sept millions d’euros dans ce challenge !!! Le prétexte, il faut être présent, il faut tout faire pour décrocher le sésame,pour relancer la machine économique de la Guadeloupe. Les riches-ses et les atouts de la Guadeloupe sont exposés devant des milliers de caméras du monde entier, alors qu’au même moment le collectif des organisations en lutte, manifeste notamment : pou wouba tout moun sispann travay a yo - kont tout pwofitasyon - pou libèté, pou dignité, pou respè - pou dwa a travayè é pèp gwadloup. Nos dirigeants politiques au pouvoir doivent entendre ce message de la souffrance, la détresse et le cri des soignants suspendus, eux qui n’ont pas eu droit à un seul centime sur cette masse d’argent déversée à St-Malo.
Une politique de développement économique mal orientée et mal prise en compte, telle que nous la constatons aujourd’hui, permet de dire qu’il existe divers leviers sur lesquels on doit agir, en lien avec le tourisme pour relancer l’économie du pays. Aujourd’hui ce n’est pas le cas. Ce à quoi nous assistons en pareilles circonstances, c’est la tentation de tous les acteurs du tourisme, y compris, les loueurs de voitures, les gîteurs, les hébergeurs, les petits commerces qui valorisent nos différents produits locaux, pour saisir cette opportunité pour ne pas être en reste, sans plus. En face, toujours à coups de millions d’euros, les plus gros sponsors rivalisent pour soutenir le bateau le plus performant et le skipper le plus téméraire ou en capacité de mieux faire face aux déchainements des éléments de la nature durant cette traversée.
Les collectivités locales, les chambres consulaires, les institutions telles que le CTIG, les offices de tourisme intercommunaux, avec la Région en tête, participent en grand nombre à ce rendez-vous. Saura-t-on, en toute transparence le coût réel d’un tel évènement pour le contribuable guadeloupéen et les véritables retombées que le pays en tire ?