SMGEAG : Fin de la période probatoire
Le 1er septembre 2021, pour tenter de résoudre la crise de l’eau en Guadeloupe, le gouvernement décide de créer par une loi, un nouveau syndicat, le «Syndicat mixte de gestion de l’eau et de l’assainissement de Guadeloupe (SMGEAG)». Cette loi, pour mémoire, était portée par deux sénateurs guadeloupéens, Justine Bénin et Dominique Théophile, coupant court aux tentatives des élus guadeloupéens, en recherche d’une sortie de crise, après de longues années de tergiversations stériles sur la question.
Un an après, le SMGEAG fête son premier anniversaire. L’heure n’est pas à l’euphorie C’est plutôt la soupe à la grimace, tant l’avenir du SMGEAG semble compromis.
Le nouveau syndicat n’a toujours pas atteint les objectifs qu’il s’était fixés, tant administratifs et opérationnels, que financiers. En fait, c’est plutôt à une valse des directeurs qu’on assiste. Le SMGEAG a déjà fait appel à trois directeurs généraux des services en moins d’un an. Entretemps, la population n’a toujours pas de l’eau qui coule dans le robinet.
Ce mardi 8 novembre 2022, une feuille de route conjointe a été signée entre l’État, la Région, et le Département de Guadeloupe, pour la structuration du SMGEAG. La signature de ce plan s’articule autour des axes tels :
- La poursuite de la structuration du syndicat avec la mise en place de son plan de retour à l''équilibre.
- La mise en place d''un comité de pilotage resserré entre la Région, le Département, le SMGEAG et la préfecture.
Tout laisse à croire que c’est une reprise en main par l’Etat, de la gestion de l’eau et de l’assainissement en Guadeloupe qui sonne la fin de la période probatoire pour les élus guadeloupéens. D’autant plus qu’ils n’avaient pas d’autres choix que d’accepter cette mise sous tutelle, et une prise en main centralisée. L’État tenant les cordons de la bourse, le syndicat est dans une situation financière inextricable, sa survie dépendait d’un geste de Paris.
Au sein de l’État, on est plus réservé, et les mots sont soigneusement pesés pour ne pas donner l’impression que Paris prend autoritairement les commandes du SMGEAG.
Pourtant, il s’agit bien de cela. Entre la mission en Guadeloupe du directeur de cabinet du ministre et les rendez-vous à Paris, entre le ministre et Jean-Louis Francisque, le président du syndicat, le gouvernement a fini par comprendre la gravité de la situation et l’inefficacité des responsables locaux en la matière.
La sortie de crise n’est toujours pas programmée. La crise de l’eau est loin d’être réglée. Rappelons que le coût global de remise en état des réseaux d’eau et d’assainissement est estimé à environ deux milliards d’euros, une facture qui pourrait monter jusqu’à trois milliards, tous les forages étant à refaire, selon les spécialistes.
L’Etat reprend ainsi sa structure dont il n’avait jamais l’intention de s’en séparer, car, visiblement, il s’agissait d’une manoeuvre pure et simple pour la refiler à sa structure locale de Suez. Pas étonnant qu’encore une fois les associations des usagers soient encore écartées.