La transition énergétique et l’hypocrisie française en Guadeloupe
Le 6 novembre 2020, il y a exactement deux ans, le Conseil régional, fort de sa compétence «Energie» en matière de choix des outils de production d''électricité, votait le maintien de l’activité de la centrale Énergies Antilles convertie au bio liquide. Ce vote permettait, dans le respect de la transition énergétique, le maintien de la centrale Energie Antilles dans la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE) et d’éviter la perte de dizaines d’emplois.
Cette centrale, fonctionnant au fioul, a été mise à l''arrêt suite à une fin du contrat d''exploitation avec EDF en juin 2020. Aussi, afin de répondre aux exigences de la transition énergétique et envisager la poursuite de l’activité, les propriétaires américains avaient déposé un projet de reconversion au bio-liquide, dès 2018.
En 2019, les salariés ont proposé un projet de production d''hydrogène «vert» (en opposition à l’hydrogène fatal issu du raffinage des hydrocarbures). Hydrogène «vert», car alimenté en électricité par leur centrale convertie au bio-liquide, et en eau par la station d''épuration de Jarry qui, actuellement, rejette les eaux traitées dans le Petit Cul-de-sac marin. Le réseau d’eau potable n’était donc pas impacté par la production d’hydrogène.
La production d''hydrogène répond toujours, dans le cadre de la transition énergétique et de celui de l''abandon des énergies fossiles, au besoin de développer la «Mobilité Propre».
Dès 2020, diverses sociétés de transport et une plate-forme de logistique, avaient manifesté leur intérêt pour la conversion de leurs flottes de véhicules à ce nouveau carburant écologique.
Depuis 2019, les salariés étaient accompagnés dans l’élaboration de leur projet par différentes institutions (Deal, Symeg) en termes de moyens humains, pour l''ingénierie notamment. Financièrement, le président de la Commission européenne de l’Energie avait assuré, lors d’une visio-conférence, que ce projet correspondait en tous points aux projets finançables par l’UE. Quatre cent milliards d’euros sont disponibles pour toute l’Europe.
Restait à l’Etat de valider la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE) qui est une co-élaboration Région-Etat, ce qu’il n’a pas fait, bloquant ainsi le maintien en activité de la centrale, pourtant voté par la Région Guadeloupe. Finit donc les perspectives, non seulement de maintien des emplois existants, mais aussi de création de nouveaux emplois qu’offrait la filière hydrogène.
Par la seule volonté de l’Etat français, et à l’opposé de la décision de la Région compétente en la matière, les salariés ont donc été licenciés et la centrale démantelée.
Dans cette affaire, on peut très légitimement se poser la question du rôle et des intentions de l’Etat en Guadeloupe. Dans le cadre de la transition énergétique qui concerne le monde entier (La Cop 27 vient de s’achever en Egypte), les salariés de la centrale Energies Antilles répondaient au besoin de développement d’une mobilité propre en créant une nouvelle filière industrielle en Guadeloupe, génératrice de nouveaux métiers et emplois. N’est-ce pas tout ce dont la Guadeloupe et les jeunes guadeloupéens ont besoin ?
Mais visiblement, l’Etat n’a pas cette vision du développement de la Guadeloupe puisqu’il a mis un frein définitif à la fois à la reconversion de la centrale et à la production d’hydrogène «vert’».
Cette attitude de l’Etat français prouve qu’il est grand temps pour les Guadeloupéens de prendre concrètement et totalement en mains les rennes de leur destin s’ils veulent, un jour, atteindre leurs objectifs de développement.