Savoir réagir face à l’AVC
En Guadeloupe, deux à trois personnes sont victimes par jour d’un AVC (accident vasculaire cérébral). L’Agence régionale de santé et l’équipe de l’unité neuro-vasculaire du CHU de Pointe-à-Pitre ont lancé une campagne d’information et de sensibilisation pour la prévention et la reconnaissance des symptômes de l’AVC, ainsi que la conduite à tenir en cas d’apparition brutale de l’un de ces signes. Une volonté de prise de conscience à destination des Guadeloupéens qui doit se généraliser.
C’est sans équivoque. L''AVC touche plus de personnes dans les Antilles que dans l’Hexagone et à un âge plus précoce. Un constat alarmant qui a incité l’ARS et le CHU à réaliser une communication importante. Car il est possible de modifier le cours des choses en réagissant rapidement face aux symptômes et en adoptant une hygiène de vie plus saine. «L’AVC peut être évité. Il faut le savoir !» confirme le docteur Nitcheu Woga, neurologue au CHU de Pointe-à-Pitre.
QU’EST-CE QU’UN AVC ?
Un AVC (accident vasculaire cérébral) a une origine vasculaire et peut causer un arrêt brutal du coeur. Il en existe deux types d’AVC. L’AVC ischémique (le plus courant) se produit lorsque le sang est bloqué par un caillot et bouche des artères, cela crée un infarctus cérébral. L’AVC hémorragique (20% des cas) est dû à une rupture d’un vaisseau sanguin dans le cerveau. On parle d’hémorragie cérébrale. Dès lors que le cerveau n’est plus irrigué, il ne reçoit plus d’oxygène et les fonctions du cerveau sont donc perturbées. Il faut agir dans les cinq minutes.
«L’AVC est devenu un enjeu de santé publique. C’est la première cause de handicap en France, la première cause de décès chez les femmes et la deuxième cause chez les hommes. De plus, aux Antilles, on dénombre 800 AVC par an». Des données inquiétantes et exponentielles qu’il est urgent de rectifier. «Nous devons expliquer les causes et les conséquences de cette pathologie pour que les gens prennent en main leur vie. L’AVC n’est pas inévitable. Il y a une part de facteurs non modifiables comme l’âge, le sexe ou la génétique. Mais il y a aussi une grande part d’actions que nous pouvons mener pour l’éviter».
POURQUOI L’AVC ?
En effet, les causes de l’AVC sont, pour beaucoup, liées à l’avènement de la société de consommation. «La restauration rapide, le tabac, l’alcool ou encore les drogues… augmentent les risques de déclencher des AVC. Tout comme l’obésité et la sédentarité. En Guadeloupe, la population est vieillissante, souvent esseulée et porteuse de diabète. D’autre part, les jeunes sont, eux, moins actifs et moins attentifs à leur santé. Nous sommes de plus en plus exposés à des habitudes de vie et d’hygiène de vie qui ne sont pas optimales pour conserver une santé saine et durable». Un réalisme qui amène à se questionner.
LES BONS RÉFLEXES
De ce fait, il est important de connaître quelques notions autour de l’AVC. Il est facilement remarquable chez l’homme. Il apparaît brutalement et les symptômes sont assez clairs. Par exemple, le visage s’affaisse ou se paralyse, la bouche se met de travers. Il va ressentir des difficultés à lever les bras ou à marcher correctement. Il aura une perte soudaine d’équilibre, des troubles de la vue ou de la parole et crises compulsives. «Ces signaux sont visibles et la réaction doit être instinctive. Nous encourageons fortement l’entourage à contacter le 15 le plus rapidement possible. Surtout n’appelez pas votre médecin traitant ! Ne bougez pas la personne et sécurisez-la au maximum. Les premières minutes sont décisives et pourront améliorer la prise en charge. Il faut noter également l’heure du début de la crise et préparer la liste éventuelle des médicaments prescrits à la personne. Tous ces petits gestes feront la différence lors de son hospitalisation» confirme le docteur Nitcheu Woga.
En effet, l’AVC se soigne si l’on arrive à reconnaître à temps ces signes. «Nous avons des traitements curatifs efficaces comme la thrombolyse intraveineuse qui consiste à dissoudre le caillot et permettre de relancer l’afflux de sang. La pression artérielle baissera. Ces actions, si elles sont réalisées dans un court laps de temps, vont offrir de meilleures chances de récupération et limiter, ainsi, les complications et séquelles éventuelles. Je le répète, l’AVC peut être évité s''il est pris en charge en moins de 4 heures !».
VIVRE APRÈS
Être acteur de notre santé est la clé pour prévenir l’AVC et réduire le taux de récidive. «A la suite d’un AVC, la personne devra être sérieuse dans sa rééducation, si des membres ont été atteints, sérieuse dans sa prise de médicaments anticoagulants et de-vra, bien sûr, adopter des bonnes habitudes au quotidien. Il est totalement possible de reprendre une vie normale par la suite si on fait bien les choses» insiste le neurologue Nitcheu Woga. Les médecins préconisent notamment de surveiller sa tension et son cholestérol, de manger équilibré, de faire une activité physique et de limiter sa consommation d’alcool. «Cela vaut pour toutes les pathologies récentes. Nous devons être conscients des effets de la société sur notre corps et être plus responsables».