L’autonomie : Pourquoi ce nouveau brouillage ?

Après 64 ans de luttes idéologiques, politiques, sociales et quelquefois physiques, s’étalant de 1958 à ce jour, les communistes guadeloupéens ont réussi à imposer la revendication de l’autonomie comme la question politique cardinale, incontournable pour résoudre à l’étape actuelle, la contradiction principale entre les intérêts de la Guadeloupe et ceux de la France qui est celle de la domination coloniale et impérialiste.
Le taux élevé de chômage, de pauvreté, de sans logement consécutif à la faillite économique et sociale de la départementalisation en Guadeloupe a depuis longtemps dévitalisé cet argument : «Lotonomi zasiet vid», qui prétendait creuser le tombeau de la revendication de l’autonomie , hissée par les communistes comme solution politique à la résolution de cette contradiction.
La propagande de guerre menée par les «indépendantistes» guadeloupéens contre le Parti communiste accusé d’assimilationniste, avec pour objectif d’invalider la revendication de l’autonomie considérée comme un acte de haute trahison a plongé le mouvement de libération dans la division, contribué au recul de la conscience politique mais, n’est pas parvenu à extirper les racines de l’autonomie plantées dans le pays.
Les campagnes de la peur sur fond de corruption, organisées par les partis succursales de la droite française, alliés aux socialistes pour marginaliser les communistes et effacer la revendication de l’autonomie présentée comme l’antichambre de l’indépendance, ont freiné certes les avancées de cette revendication mais ne l’ont pas fait disparaitre.
Le moratoire du leader martiniquais Aimé Césaire avec le socialiste François Mitterrand sur l’autonomie en 1981, tout comme la 3e voie développée par son disciple Serge Letchimy à la consultation de 2010 pour une évolution statutaire en Martinique, n’ont pas non plus enterré la revendication de l’Autonomie.
Aujourd’hui, après une lutte opiniâtre livrée sans compromis, ni concession sur le fond, par les partisans historiques de cette revendication, l’autonomie semble gagner la conscience du plus grand nombre et s’impose comme le sujet majeur dans le débat polique dans les dernières colonies de la France, y compris sur le territoire national français.
C’est à ce moment crucial, décisif pour une nouvelle avancée, qu’un nouveau tir de barrage est déclenché par Serge Letchimy à Paris. Exposant sa position sur les relatons de la Martinique avec la France, devant des parlementaires, il lâche mine de rien «Je ne suis pas un autonomiste séparatiste».
Pourquoi cette association ? Serge Letchimy, n’est pas un «bleu», il est un dirigeant politique averti qui sait que chaque mot compte.
Il sait très bien aussi quelle connotation est attachée par les adversaires de la libération des peuples au terme séparatiste.
Comme il sait parfaitement que l’Autonomie est un statut politique à l’intérieur d’un Etat. Nous sommes loin là du séparatisme. Il n’y a aucun doute, cela procède d’une claire volonté d’introduire ou de réactiver une ligne de fracture parmi les partisans de l’Autonomie. Alors pourquoi ce nouveau brouillage, maintenant ?