La responsabilité politique engagée

Bien souvent, ces mêmes élus font partie de ce que nous avions appelé la nomenklatura guadeloupéenne, qui se définit comme une classe sociale à part liée à l’Etat et bénéficiant d’importants privilèges. Cette classe sociale constitue dès lors un frein à toute évolution de la société guadeloupéenne.

L’avenir de la Guadeloupe est constamment lié aux choix des Guadeloupé-ens et de la responsabilité politique de ceux qu’ils élisent pour les représenter.
Tous sont unanimes à reconnaître que la société guadeloupéenne va de mal en pire. Ce ne sont pas des bureaux d’études, des résultats de sondages, des analyses d’experts, des en-quêtes diligentées qui manquent pour expliquer l’étendue du chaos dans lequel s’est embourbé le pays.
C’est Luc-Hubert Séjor qui nous rappelle dans l’une de ses oeuvres que : «Tout biten, sé on biten parapòt a on dòt biten». Ce qui veut dire que la situation de la Guadeloupe est tributaire de plusieurs facteurs, dont le premier est son fonctionnement colonial.
Le pays souffre d’un manque de représentants politiques engagés de la trempe de Rosan Girard, Gerty Archimède et de bien d’autres qui se sont illustrés, à un moment donné, pour la défense de ses intérêts. Sur tous les sujets de société qui mettent à mal l’Etat français, comme le scandale de la chlordécone, l’envahissement par les sargasses, l’immigration, la crise sanitaire, la crise des hôpitaux, les problèmes de l’Educa-tion nationale etc… la plupart des élus ne se mêlent pas, sous prétexte que ce n’est pas de leurs compétences.
Sur l’affaire du chlordécone, après 16 ans de procédure, le parquet de Paris vient de demander à ce que cette affaire se termine par un «non-lieu» pour sauver la face de l’Etat français et de ses suppôts locaux. La réaction des élus se fait attendre, car plus préoccupés par la Route du Rhum ou encore par la coupe du monde de football.
Bien souvent, ces mêmes élus font partie de ce que nous avions appelé la nomenklatura guadeloupéenne, qui se définit comme une classe sociale à part, liée à l’Etat et bénéficiant d’importants privilèges. Cette classe sociale constitue dès lors un frein à toute évolution de la société guadeloupéenne.
On a beau dire que les quatre députés guadeloupéens ne pèsent pas lourd parmi les 577 que compte l’Assemblée nationale pour défendre les intérêts propres de la Guadeloupe, mais, un grain de sable dans l’engrenage d’un système bien huilé peut toujours modifier le cours de ce dernier. Les solutions aux problèmes de la Guadeloupe ne peuvent découler des seuls débats au sein du Parlement français. C’est surtout de la capacité et de la volonté des députés guadeloupéens à lier leurs mandats aux difficultés, aux luttes, aux revendications qu’exprime le peuple guadeloupéen.
C’est ce, en définitive, qu’a sans doute compris le député de la première circonscription Olivier Serva qui a jeté une pierre dans la mare. En tant que député, il n’a fait que son devoir en portant les revendications et les souffrances du peuple guadeloupéen devant l’Assemblée nationale. C’est une responsabilité politique assumée qui vise à rechercher une solution humaine pour sortir de cette crise qui n’a que trop duré.