Pour un sursaut guadeloupéen !

Cet Appel est tout simplement le titre d’un livre publié en 1978 par Rosan Girard le co-fondateur du Mouvement Communiste en Guadeloupe, après un séjour dans le pays en décembre 1977. Quarante-quatre ans après, malgré les quelques changements intervenus dans les structures du pays, le diagnostic politique rapporté dans ce livre n’a pas pris une ride.
D’ailleurs, on retrouve dans l’Appel au peuple guadeloupéen «Résister, c’est créer» publié par le Parti Communiste Guadeloupéen, le 5 mars 2021, la même analyse de la situation avec un élément aggravant : L’Etat français est engagé dans une offensive ouverte, violente pour étouffer toute volonté des Guadeloupéens d’exister pour eux-mêmes et à défendre leurs droits et leurs aspirations légitimes de peuple.
Cela se concrétise par ce que nous annoncions dans la Déclaration du 5 mars 2021 :
- La mobilisation de l’appareil judiciaire pour imposer le non-lieu dans l’affaire de l’empoisonnement au chlordécone.
- L’instrumentalisation d’un juge pour empêcher de traduire en justice les gendarmes soupçonnés des violences ayant entrainé la mort de Claude Jean-Pierre dit Klodo à Deshaies, accompagnée aujourd’hui de pressions sur la famille pour empêcher qu’un hommage lui soit rendu une année après sa mort.
- La mise sous-tutelle des présidents Guy Losbar, Ary Chalus et Jean-Louis Francisque, principaux dirigeants du Syndicat mixte de l’eau nouvellement crée et la prise de contrôle de cette structure par l’Etat.
- Le refus cynique et l’emploi de méthodes d’obstructions scandaleuses à l’Assemblée nationale par le gouvernement pour s’opposer à la réintégration des personnels de santé suspendus.
Dans une Guadeloupe qui vit aujourd’hui sous les apparences d’une modernité vantée par les intoxiqués de la propagande d’influence, distillée sur les médias du système pour imposer l’idée du triomphe de la mondialisation capitaliste qui est en réalité l’antithèse du progrès humain, le pouvoir français recycle en Guadeloupe les vieilles pratiques d’un colonialisme condamné par l’histoire.
Dans une telle situation, les organisations politiques, les élus en responsabilité font la preuve de leur incapacité à défendre les intérêts du peuple et à délivrer un message clair, mobilisateur sur un vrai projet guadeloupéen, de plus en plus de compatriotes ont tendance à rechercher la sécurité sous le parapluie économique et social de la France.
Sans aucune opposition sérieuse, sans une révolte organisée des masses pour «vivre libre» comme le proclamait Louis Delgrès, le pouvoir français développe avec arrogance et impunité sa stratégie d’asservissement de la Guadeloupe.
Les pères historiques de l’émergence d’une nation et d’un peuple guadeloupéen qui dans la rébellion et le sang ont donné leur vie pour mettre debout les générations qui ont suivi doivent se retourner dans leur tombe.
Dans ce contexte, il faut un sursaut guadeloupéen ! Nous devons trouver le courage et la force morale pour transcender les différences et s’engager à faire ensemble pour la libération du pays.
Ce ne sont pas les hommes de grand âge qui accompliront cette oeuvre. L’avenir appartient aux jeunes qui doivent cesser de se disperser et de se lamenter.
La Guadeloupe aura le destin que la génération d’aujourd’hui voudra bien préparer. Le sursaut doit venir de la jeunesse !