La mobilisation populaire et une force politique unie pour faire valoir l’existence du peuple guadeloupéen et de ses droits politiques, économiques, sociaux et culturels

L’heure n’est plus aux constats, aux lamentations, aux incantations. L’état de faillite généralisée de la Guadeloupe ne peut plus être dissimulé, la précarité, la pauvreté, la maladie, la marginalisation et l’exclusion sociale concernent et frappent de plus en plus de Guadeloupéens de tous âges. C’est cette précarité qui génère les phénomènes de déviance, de violence, de désocialisation qui rongent notre société.

La Guadeloupe et les Guadeloupéens sont en grande souffrance, du fait de l’inexistence des politiques publiques répondant à nos réalités et à nos besoins, sur le plan économique et social, en matière de santé, d’accès à l’eau, d’organisation des transports, d’éducation et de formation, de gestion des déchets, de gestion et de préservation de notre patrimoine foncier et de nos ressources naturelles, de l’aménagement et de l’équipement de notre pays…
La vérité qu’il faut entendre c’est que l’état de délabrement de notre pays est le résultat du modèle de développement capitaliste et du système de l’assimilation-coloniale qui sévissent en Guadeloupe avec le soutien des élus du camp assimilationniste qui se succèdent à la gestion des collectivités dites majeures depuis des décennies.
Aucun des nombreux aménagements de la colonisation intervenus depuis la départementalisation en 1946 n’a modifié le fait colonial, la liste est longue des lois programme, lois d’orientation, départementalisation adaptée, départementalisation économique, décentralisation, numéro 1, numéro 2, numéro 3, numéro 4, déconcentration, loi 3DS.
C’est cette politique coloniale mise en oeuvre par les différents gouvernements français qui détruit la Guadeloupe, son économie, sa culture, dépossède les guadeloupéens de leur pays et désagrège les valeurs, les repères, les modes de vie et de pensée sur lesquels reposent l’organisation de la société guadeloupéenne.
La vérité qui ne peut plus être dissimulée, c’est que la Guadeloupe est en proie à une crise qui n’est pas qu’une crise économique et sociale. C’est une crise globale et structurelle une crise politique majeure qui a pour cause le système de l’assimilation-coloniale, qui depuis la départementalisation régit nos relations avec la France.
À une crise politique, il faut porter une réponse politique, nous ne devons plus nous contenter de dénoncer le colonialisme français, mais devons lui opposer l’émancipation guadeloupéenne.
La question majeure que nous avons à résoudre c’est celle de la rupture avec la tutelle coloniale qui sert les intérêts de la France aux détriments de ceux de la Guade-loupe et de la grande majorité du peuple guadeloupéen.
Nous devons déjouer le piège tendu par le gouvernement et le clan assimilationniste d’un réaménagement de l’assimilation-coloniale, par le biais d’une réforme institutionnelle donnant l’illusion d’une responsabilité guadeloupéenne et nous détourner des schémas éculés, de rattrapage et d’adaptation.
Face au mépris et à la morgue du gouvernement macroniste qui déploie tout l’arsenal des moyens de l’État : les violences économiques et sociales, la répression judiciaire, le déni de justice, l’expatriation, la provocation, l’intimidation pour tenter de domestiquer et d’éliminer le Guadeloupéen, nous sommes dos au mur, placé en situation de légitime défense.
Il faut une réponse et une riposte guadeloupéenne, portée par une force politique unie, en charge de conduire la lutte d’émancipation de notre peuple pour faire valoir les droits, humains, politiques, économiques, sociaux et culturels du peuple guadeloupéen. Cette force politique unie doit rassembler l’ensemble des organisations guadeloupéennes (politiques, sociales, économiques, culturelles…) qui revendiquent une rupture avec le cadre colonial et assimilationniste.
Nous devons dépasser les oppositions et les divisions qui font le jeu du pouvoir colonial français et stérilisent notre lutte d’émancipation et avoir une démarche et une vision globale de la construction de notre pays, plutôt que des revendications et luttes sectorielles et catégorielles. Par-delà nos différences et nos divergences, nous avons l’obligation de nous accorder sur une plateforme commune qui porte :
- d’une part sur les sujets qui relèvent de l’urgence et de la gravité de notre situation, notamment (l’accès aux soins et la réintégration des professionnels de santé suspendus, l’eau potable et l’assainissement, l’emploi et la formation, la pauvreté, la précarité et la cherté de vie, la préservation du patrimoine foncier et la dépollution des sols…).
- d’autre part sur un projet global (économique, social, écologique, culturel), autrement dit sur un projet d’émancipation politique cons-truit avec le peuple guadeloupéen.
La bataille politique principale et déterminante que nous devons mener c’est celle de l’exercice de son droit à l’autodétermination, par le peuple guadeloupéen seul habilité à décider de son statut politique. Pour ce faire nous devons faire reconnaître et rétablir dans la Constitution française l’existence du peuple guadeloupéen.
Seul le rapport de force par la mobilisation populaire, sur la base d’une plateforme politique commune, permettra d’obtenir l’ouverture de discussions et de négociations avec le gouvernement de la France sur les urgences de notre pays et faire valoir les droits humains, politiques, économiques, sociaux et culturels du peuple guadeloupéen, légitime propriétaire de la Guadeloupe.
C’est à l’accomplissement, dans les meilleurs délais, de ce devoir politique que la postérité convoque toutes les organisations qui se revendiquent de l’émancipation du peuple guadeloupéen.