L’agro-transformation : un vecteur de développement local

C’est l’ensemble des activités industrielles qui transforment des matières premières alimentaires issues de l’agriculture ou de la pêche en aliments industriels destinés essentiellement à la consommation humaine.

L’agro-transformation est un vrai métier. Elle représente un potentiel d’avenir très fort pour la Guadeloupe. La filière est en constante organisation dans tous les domaines pour aider les porteurs de projets à concrétiser leurs rêves. Objectif : générer de la valeur ajoutée sur le territoire à travers la transformation de nos produits locaux. 30 à 35% seulement de la consommation alimentaire de Guadeloupe est produite sur l’archipel.
Les produits importés, souvent moins chers, sont privilégiés par les acheteurs des grandes et moyennes surfaces (GMS) par rapport produits locaux. La Guadeloupe souffre également de la concurrence des autres iles Caraïbes qui produisent des produits équivalents avec moins de contraintes que celles fixées par l’Union européenne.
Nous importons 82% de ce que nous mangeons alors que la Guadeloupe est riche en matières premières alimentaires de qualité. Pour Maité Bienvenu, consultante agroalimentaire, la Guadeloupe a toutes les cartes en main pour développer sa production locale et améliorer son autosuffisance alimentaire. Les initiatives ne manquent pas ces dernières années avec l’arrivée sur le marché de nombreux porteurs de projets et l’ouverture prochaine de l’AgroPark Caraïbes Excellence aux Abymes, hub totalement dédié à l’agro-transformation des produits du terroir guadeloupéen. Pour encourager cette belle dynamique, le secteur doit toutefois s’organiser, étoffer l’écosystème existant, mais surtout multiplier les interconnexions «gagnant-gagnant».
Cependant, le secteur de l’agro-transformation reste encore trop peu développé en Guadeloupe, en dépit de la multiplication des moyens mis en oeuvre pour encourager la filière.
«La Guadeloupe dispose aujourd’hui d’une offre en ingénierie et en matériel qui permet de satisfaire la filière de l’agro-transformation», souligne Nicolas Noirtin, président de Sopro-chim, établissement spécialisé depuis 15 ans dans l’agro fourniture.
Les raisons de ce sous-développement sont multiples dont en tout premier lieu la problématique du coût. Investir dans une usine, c’est engager des millions d’euros dans des machines qui risquent d’être rapidement obsolètes, s’il n’y pas une contractualisation avec un réseau d’approvisionnement solide et planifié en amont la production de votre année.
La deuxième raison est la petitesse du marché. Contrairement aux usines de France qui peuvent amortir sur des millions de consommateurs, notre marché est restreint et de surcroît concurrencé par des entrants extérieurs, explique Tony Mohamedaly, gérant de Caraïbes Croc Saveurs et de l’IGUAFLHOR.
Contrairement à certaines idées reçues, l’agro-transformation n’est pas seulement la soupape d’écoulement de notre surproduction locale, mais bien de vrais produits réfléchis en amont, avec les capacités des producteurs.
Cela devrait permettre de réguler la production de façon à limiter au maximum, d’une part la surproduction et, d’autre part, le manque de matières premières.
Cela nécessite à la fois de mieux anticiper la production avec les organisations de producteurs (OP) et de mieux la planifier. Dans ce cadre, la question de l’organisation de la filière, de la production à la distribution, se révèle de plus en plus comme une nécessité absolue.
Il y encore quelque temps, le choix du consommé local n’était pas aussi automatique de la part des consommateurs. Aujourd’hui, manger local, c’est gage de qualité. La filière est soumise à une réglementation très encadrée qui garantit la qualité et la traçabilité des produits, gage de de con-fiance pour les consommateurs. Nos produits frais cultivés ici au soleil ont une plus grande valeur nutritive que les produits importés d’ailleurs.
L’agro-transformation est un métier d’avenir d’autant plus que le règles ne cessent d’évoluer, s’agissant des modes d’utilisation des produits bruts, plus spécifiquement dans les restaurants collectifs.